Les conclusions de ce rapport, encore confidentiel, risquent de faire couler beaucoup d’encre une fois qu’elles seront rendues publiques. L’Economiste publie en exclusivité, dans son édition du lundi 3 septembre, les principaux résultats d’un rapport sur le secteur du tourisme au Maroc, rapport élaboré par un «comité d’experts» et qui, une fois soumis à la tutelle, pourrait donner lieu à l’élaboration d’une nouvelle feuille de route pour ce secteur.
Selon la même source, l’un des premiers constats que fait le rapport concerne les arrivées de touristes. Certes, entre 2000 et 2010, une forte progression a été enregistrée, avec notamment une croissance annuelle de 8% des entrées au Maroc. Cependant, depuis l’éclatement de la crise internationale, le Printemps arabe, ou encore la multiplication des attentats terroristes de par le monde, cette progression a nettement reculé. De plus, il s’avère que ce sont principalement les MRE qui tirent les statistiques des arrivées vers le haut, le rapport constatant que la progression de leurs arrivées sur la période étudiée est nettement supérieure à celle des touristes étrangers. Ceci peut être considéré comme une preuve que la progression enregistrée par le secteur, ces dernières années, n’est pas forcément le fruit d’une meilleure attractivité du Maroc en tant que destination touristique. L’Economiste ne manque d'ailleurs pas de rappeler, à ce sujet, que les réalisations en termes d’arrivées ne représentent finalement que 36% de l’objectif prévu dans le cadre de la vision 2010.
Toujours à propos de l’attractivité de la destination, le rapport pointe du doigt le classement, loin des objectifs escomptés, du royaume dans le classement mondial. Si une progression est constatée entre 2000 (38e rang) et 2010 (25e rang), le Maroc, en 2015, n’a été classé qu’à la 30e position, derrière certains de ses concurrents dans la région, notamment l’Espagne, le Portugal et l’Egypte. Et là aussi, écrit le journal, «merci aux MRE» car, sans la croissance de leurs arrivées, le Maroc aurait certainement occupé une bien piètre position.
Par ailleurs, le rapport fait également un constat accablant au niveau de l’occupation hôtelière. Citant le document, le journal rappelle qu’en 2000, pour 2,3 millions d’arrivées enregistrées aux postes-frontières, le Maroc totalisait quelque 3,4 millions d’arrivées de non résidents dans les hôtels. Le taux de captage était donc de 146%. En 2015, pour 5,2 millions d’arrivées aux postes-frontières, les hôtels n’enregistraient que 3,7 millions d'arrivées, soit un taux de captage réduit de moitié. De même, il semblerait que, sur la période étudiée, le Maroc ait perdu son positionnement de destination de longs séjours, comme en témoigne le taux moyen de séjour des touristes, qui est passé de 5 nuits en 2000 à seulement 2 en 2015. Il suffit donc de rappeler que l’objectif initial de la vision 2010 était d’atteindre un taux de 5,5 nuits pour se rendre compte de l'échec qu'a été cette stratégie.