L’annonce par la Chine de la reprise des voyages de groupes vers diverses destinations, dont le Maroc, a suscité un élan d’optimisme du côté des professionnels locaux. Pour Zoubir Bouhoute, expert en tourisme, «il s’agit d’un jalon d’opportunité pour l’industrie touristique au Maroc».
En effet, explique-t-il, «la stature du marché chinois sur l’échiquier mondial du tourisme n’est pas à sous-estimer. Avec une économie puissante soutenant une population qui dépasse 1,4 milliard d’âmes, la Chine compte un nombre impressionnant de classes aisées et moyennes qui possèdent les moyens de s’aventurer au Maroc.»
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Entre 2000 et 2019, les arrivées touristiques mondiales ont connu une hausse moyenne annuelle de 4% alors que le tourisme émetteur chinois s’est accru de 15,8% entre 1995 et 2019. «En 1995, le monde accueillait modestement 4,5 millions de touristes chinois. En revanche, ce chiffre a explosé pour atteindre plus de 154 millions en 2019. Les prévisions pour 2030 estiment que sur 1,328 milliard de touristes internationaux, près de 19% proviendront de la Chine», détaille notre expert, soulignant que la Chine «est indiscutablement un acteur stratégique sur la scène mondiale du tourisme».
L’exemption de visa, un coup de maître
Le Maroc a déjà initié des démarches pour capter cette clientèle prometteuse. Zoubir Bouhoute rappelle, à ce titre, l’initiative du roi Mohammed VI exemptant les touristes chinois de visa pour le Maroc. Cette décision a porté ses fruits: «De 10.000 touristes chinois en 2015, nous avons grimpé à 40.000 en 2016 après cette mesure qui a été actée en mai de la même année. En 2019, ce chiffre est passé à 180.000, après 170.000 visiteurs en 2018.»
Toutefois, une problématique cruciale demeure, celle de la capacité aérienne. «La fermeture de l’espace aérien durant le Covid-19 a rappelé à quel point le secteur est sensible. Il est primordial de renforcer notre capacité aérienne. Les Chinois, reconnus pour leur amour du shopping lors de leurs voyages, nécessitent de grands avions. Il faut donc envisager des appareils plus spacieux pour leurs déplacements et leurs bagages», explique l’expert.
Pour ce dernier, réactiver la ligne aérienne directe, opérée par Royal Air Maroc (RAM), entre le Royaume et la Chine, augmenter la fréquence des vols directs entre les deux pays et diversifier les destinations chinoises est essentiel pour atteindre les chiffres enregistrés avec les grands marchés émetteurs, tels que la France et l’Espagne.
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S’agissant du circuit touristique privilégié des touristes chinois au Maroc, Zoubir Bouhoute note que ces derniers «ont tendance à rester plus d’une semaine et leurs destinations préférées incluent Casablanca, Marrakech, Agadir, Ouarzazate, Merzouga, Fès, Meknès, Rabat, pour revenir finalement à Casablanca». Et de souligner que «les visiteurs chinois, reconnus pour leur penchant à dépenser de manière généreuse, jouent un rôle crucial en insufflant une contribution substantielle à l’économie locale».
Il est donc impératif que les acteurs économiques locaux se préparent à anticiper les attentes des touristes chinois. «En érigeant des infrastructures et en proposant des services qui s’accordent parfaitement avec leurs préférences, le Maroc peut non seulement jouir d’une croissance économique directe tirée des dépenses des voyageurs chinois, mais aussi consolider sa réputation en tant que destination de premier choix, prisée par les voyageurs en quête de découvertes gratifiantes et de dépaysement total», conclut le consultant.
L’enjeu est clair: adapter l’infrastructure, répondre aux besoins spécifiques des visiteurs et s’assurer que le Royaume devienne une destination incontournable pour ces voyageurs.