Tarik Senhaji, l’ingénieur discret qui veut réinventer la finance marocaine

Tarik Senhaji, président de l’Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC).

Revue de presseNommé à la tête de l’Autorité marocaine du marché des capitaux par le Roi Mohammed VI, Tarik Senhaji incarne une nouvelle génération de dirigeants technocrates. Ancien banquier d’affaires à Londres, ex-président du fonds souverain Ithmar et patron de la Bourse de Casablanca, ce polytechnicien au parcours sans faille entend placer transparence et pédagogie au cœur de la régulation financière du Royaume. Cet article est une revue de presse tirée de Jeune Afrique.

Le 28/10/2025 à 18h45

Nommé le 19 octobre à la tête de l’Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC) par le Roi Mohammed VI, Tarik Senhaji incarne l’une des figures montantes de la finance marocaine. Celui qui dirigeait depuis 2020 la Bourse de Casablanca a accueilli sa nomination dans un moment de double réjouissance, coïncidant avec la victoire historique du Maroc au Mondial U20 de football. L’événement, symbolique à ses yeux, résume bien le parcours de ce technocrate au profil discret mais à la trajectoire impressionnante, écrit le magazine Jeune Afrique dans un portrait dédié.

Issu de l’école publique, Tarik Senhaji a grandi à Casablanca, où il obtient son baccalauréat au lycée Moulay Abdellah avant de s’envoler pour la France. Élève brillant, il intègre la prestigieuse École polytechnique après une classe préparatoire au lycée Montaigne de Bordeaux. Au sein de la promotion 1993, il côtoie des esprits brillants comme le mathématicien Fabrice Bellard, la physicienne Pascale Senellart ou encore l’économiste Karine Berger.

Ces années marquent durablement sa vision du monde et forgent son goût pour la rigueur et l’analyse, qualités qui deviendront sa marque de fabrique, lit-on. Sa carrière débute à Washington, au sein de la Société financière internationale (IFC), la filiale de la Banque mondiale dédiée au secteur privé. Trois années plus tard, il s’installe à Londres, où il se forge une solide expérience dans la banque d’affaires.

Au fil des années, il occupe des postes de direction à la Société Générale, chez Dresdner Kleinwort Benson, Calyon CIB et Natixis CIB. La crise financière de 2008, qu’il vit de l’intérieur, lui apprend l’importance de la résilience et de la ténacité dans les périodes de turbulence économique. Une leçon qu’il n’oubliera pas, souligne Jeune Afrique.

En 2011, Senhaji décide de rentrer au Maroc. Il prend alors la présidence de la Société marocaine d’ingénierie touristique (SMIT), structure publique chargée de piloter la stratégie nationale dans le secteur. Son entourage le met en garde. Il n’a jamais travaillé dans le tourisme. Mais le défi intellectuel et économique le séduit.

Sous la tutelle de Yassir Zenagui, alors ministre du Tourisme et aujourd’hui conseiller royal, il met en place une approche rationnelle et structurée du développement touristique. Les deux hommes se connaissent bien. Ils s’étaient rencontrés à Londres au sein de la communauté marocaine expatriée, ajoute Jeune Afrique.

Quelques années plus tard, Senhaji prend la direction du Fonds marocain de développement touristique, rebaptisé Ithmar Capital, le fonds souverain du royaume. Il y supervise plusieurs projets stratégiques, contribuant à positionner le Maroc comme une destination d’investissement crédible et dynamique.

Cette expérience dans la gestion d’actifs publics lui confère une vision globale des enjeux économiques du pays. Sa nomination à la tête de la Bourse de Casablanca, en pleine pandémie de Covid-19, marque un tournant. L’institution traverse alors une période de marginalisation, loin du cœur de l’économie nationale.

Sous sa direction, elle retrouve de la vitalité et regagne la confiance des investisseurs. Les introductions en bourse de sociétés emblématiques comme TGCC, CFG Bank, Akdital ou CMGP symbolisent cette relance. «Il fallait reconstruire la confiance brique par brique», confie un proche du financier, cité par Jeune Afrique.

Ce travail patient et méthodique permet à la Bourse de redevenir un levier pour les grandes entreprises marocaines et un symbole d’ancrage économique. Aujourd’hui, en succédant à Nezha Hayat à l’AMMC, Tarik Senhaji aborde une nouvelle étape de son parcours.

Sa mission consistera à renforcer la transparence et la compréhension du marché des capitaux, souvent perçu comme complexe ou lointain par les acteurs économiques. Il entend placer la culture du marché et la pédagogie au cœur de son mandat, convaincu que la finance ne peut être un moteur de développement que si elle est accessible et bien comprise.

Homme de rigueur et de patience, Senhaji ne cherche pas la lumière mais les résultats durables. Ses collaborateurs à la Bourse de Casablanca se souviennent d’un dirigeant exigeant mais juste, attaché à la persévérance et à la vision sur le long terme.

Par La Rédaction
Le 28/10/2025 à 18h45