Startups: un écosystème encore en quête de décollage

Le Maroc occupe la 9ème place sur les 10 pays d'Afrique possédant les meilleurs écosystèmes de startups selon le Global startup ecosystem index, publié par StartupBlink. (Photo d'illustration)

Revue de presse Malgré la multiplication des initiatives publiques et privées, le Maroc peine encore à transformer son vivier d’entrepreneurs en véritables success stories. Alors que les startups propulsent la croissance mondiale, le Royaume cherche toujours la formule pour faire éclore sa première licorne. Cet article est une revue de presse tirée de Challenge.

Le 15/10/2025 à 19h48

Malgré une présence réelle dans le tissu économique, la startup marocaine peine encore à s’imposer comme un moteur de croissance. «Alors que, dans plusieurs pays, les géants du numérique soutiennent activement les jeunes pousses par patriotisme économique ou esprit d’innovation, le Maroc reste freiné par une culture du risque d’investissement encore trop timide», relève le magazine Challenge dans une analyse dédiée.

Le dernier classement des 500 plus grandes entreprises mondiales, publié par Statista et TIME, a confirmé une tendance de fond: la domination sans partage des entreprises technologiques. Microsoft, Apple, Alphabet (maison mère de Google) et Meta Platforms trônent en tête du palmarès, reléguant les industriels et les fabricants de biens de consommation au second plan. Ces géants de la Tech partagent une histoire commune: celle de startups parties de rien. On pense bien sûr à Microsoft, née dans un garage, aujourd’hui mastodonte mondial et pilier de l’économie américaine. Inspirés par ce modèle, plusieurs pays ont misé sur la création de véritables écosystèmes d’innovation.

En France, le projet Station F, plus grand campus de startups au monde, illustre cette ambition. Grâce à un cadre propice à l’innovation et à l’investissement, la «French Tech» a vu éclore des licornes telles que Deezer, Meero ou Dataiku. «En 2022, la société Ecovadis rejoignait ce cercle fermé après une levée de 500 millions de dollars», note Challenge.

Au Maroc, le constat reste amer: aucune licorne à l’horizon. La Banque mondiale décrivait encore récemment un écosystème entrepreneurial «embryonnaire», où les initiatives publiques peinent à s’accompagner d’un véritable élan privé. Sur le continent africain, le Maroc reste à la traîne en matière de levées de fonds. Selon les dernières données, l’Égypte domine avec 434 millions de dollars levés, suivie par l’Afrique du Sud, le Nigeria et le Kenya. Le Maroc, lui, ne pèse que 5,6 millions de dollars, une goutte d’eau dans l’océan africain de la Tech. «Les startups marocaines ne lèvent pas encore suffisamment pour changer d’échelle», observe Mehdi Alaoui, CEO de La Factory, cité par Challenge.

Si l’État a multiplié les dispositifs à l’image du Fonds Innov Invest, destiné à financer l’innovation, les moyens restent modestes. «Les startups ont besoin de davantage de prise de risque et de capitaux patients pour passer de la phase de prototype à celle de l’accélération», plaide un acteur du secteur. Ailleurs, les grandes fortunes jouent un rôle moteur dans le développement de l’écosystème. Aux États-Unis, Bill Gates et Jeff Bezos incarnent cette philosophie du give-back, où la réussite se traduit par l’investissement dans l’innovation.

En 2022, Bill Gates injectait 20 millions de dollars dans Blue Frontier, une startup de la climatisation verte, puis 5 millions dans la française Smart Immune. Jeff Bezos, de son côté, misait 30 millions de dollars sur la fintech africaine Chipper Cash.

Au Maroc, la philanthropie entrepreneuriale reste balbutiante. «La notion de prise de risque n’est pas encore bien ancrée», reconnaît Mehdi Alaoui. Selon lui, les grandes entreprises devraient offrir davantage de débouchés aux startups locales, en les intégrant dans leurs marchés et leurs chaînes de valeur.

Le CEO de Chari, l’une des startups marocaines les plus visibles, se veut toutefois optimiste: «il faut plus de confiance, plus de fonds dédiés aux startups. On est encore loin, mais on finira par y arriver». Les ingrédients du succès (financement, accompagnement et esprit d’audace) sont connus. Il ne manque plus qu’une impulsion collective pour transformer l’essai. Le Maroc a les talents, il lui reste à libérer le capital et la confiance pour devenir, à son tour, une «Startup Nation».

Par La Rédaction
Le 15/10/2025 à 19h48