Le joyau économique du royaume saoudien a indiqué dans un communiqué qu'il allait introduire 1,5% de ses parts sur le Tadawul, indice de référence de la Bourse de Ryad, précisant que cela pourrait rapporter entre 24 et 25,5 milliards de dollars.
Si la valorisation reste en dessous des espoirs du prince héritier Mohammed ben Salmane, l'opération pourrait tout de même rivaliser avec la plus grosse introduction en Bourse de l'histoire: celle du géant chinois du commerce électronique Alibaba, qui avait levé 25 milliards de dollars à New York en 2014.
Dimanche marque le premier jour de la période de souscription des actions d'Aramco, dont la fourchette de prix a été fixée entre 30 et 32 riyals (entre 8 et 8,5 dollars). Le prix final sera arrêté le 5 décembre, un jour après la fin de la période de souscription, selon le prospectus publié par l'entreprise il y a une semaine.
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Aramco, qui produit environ 10% du pétrole mondial, est considéré comme le pilier de la stabilité économique et sociale du royaume, premier exportateur mondial de brut.
Son introduction en Bourse, plusieurs fois repoussée, constitue la pierre angulaire du plan de réformes du prince héritier pour diversifier l'économie du royaume, ultradépendante du pétrole, en investissant des fonds dans des projets de développement pharaoniques et dans les industries hors du secteur pétrolier.
Selon l'agence de notation Standard & Poor's, l'opération pourrait permettre à l'Arabie saoudite de consolider sa situation financière: "Si les fonds levés sont ensuite utilisés de manière efficace, ils pourraient permettre au pays de soutenir sa croissance à long terme".
"Le prix (annoncé par Aramco) est un compromis raisonnable et cela permettra de vendre (les actions)", a jugé sur Twitter Tarek Fadlallah, directeur exécutif de la branche Moyen-Orient de la société de gestion d'actifs Nomura.
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Si le prix atteint le haut de la fourchette, l'opération pourrait éclipser celle d'Alibaba, a-t-il ajouté.
L'Arabie saoudite a déployé des efforts spectaculaires pour faire de cette opération un succès, incitant de riches familles saoudiennes et des acteurs institutionnels à investir, certains qualifiant même l'acte de "devoir patriotique".
La semaine dernière, le cheikh Abdullah al-Mutlaq, un des membres de la plus haute instance religieuse du pays, a encouragé les Saoudiens à investir sur une chaîne de télévision locale, affirmant que cela était permis par l'islam et que certains dignitaires religieux allaient même participer à l'introduction en Bourse.
L'opération suscite l'enthousiasme au niveau local mais, malgré une intense campagne de promotion, des informations font état de difficultés pour Aramco à attirer des investisseurs institutionnels étrangers, sur fonds de perspectives incertaines pour le secteur de l'énergie et en raison de craintes sur la transparence et la gouvernance du géant saoudien.
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Dans un prospectus de plus de 650 pages, Aramco a listé les risques potentiels pour les investisseurs: la possibilité d'attaques "terroristes", les tensions géopolitiques dans la région, au premier rang desquelles la rivalité entre le royaume et l'Iran.
Autre élément susceptible de faire hésiter les investisseurs: la possibilité que la demande mondiale d'hydrocarbures diminue structurellement à l'horizon des 20 prochaines années, selon le cabinet IHS Markit. Le changement climatique est cité parmi les raisons qui pourraient faire baisser la demande.
Investisseurs et experts s'attendaient à un plan initial d'introduction en Bourse d'Aramco comportant deux volets: l'introduction de 2% du capital sur le Tadawul, indice de référence de la Bourse de Ryad, suivie de l'introduction de 3% sur une place boursière internationale.
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Mais l'entreprise a affirmé qu'aucun plan pour une introduction à l'étranger n'était à l'ordre du jour actuellement, montrant que les objectifs évoqués dès 2016, lorsque l'introduction en Bourse avait été annoncée, ont été mis de côté.
Ce n'est pas la première fois que les plans de Mohammed ben Salmane sont contrariés, l'introduction en Bourse ayant été plusieurs fois repoussée en raison de conditions de marché défavorables et de la chute des prix du pétrole, dont dépendent les résultats de l'entreprise.
En 2018, Aramco a réalisé un bénéfice net de 111,1 milliards de dollars. Au cours des neuf premiers mois de 2019, son bénéfice net a chuté de 18% pour s'établir à 68,2 milliards de dollars.