Lors de la traditionnelle rencontre avec la presse, tenue à l’issue du dernier Conseil de Bank Al-Maghrib, le mardi 20 juin, le sujet central était évidemment l’évolution de son taux directeur. Pour autant, Abdellatif Jouahri, le wali de la Banque centrale, n’a pas manqué d’en aborder deux autres, qui lui tiennent visiblement à coeur.
Il a ainsi, une nouvelle fois, mis en avant la nécessité d’accélérer la réforme des régimes de retraite marocains, afin d’éviter le creusement du déficit des caisses de prévoyance, ainsi que celle de la Caisse de compensation afin de pouvoir financer les nouveaux chantiers sociaux. «Plus on tarde, plus le déficit d’engagement monte et plus les solutions futures deviennent compliquées (…). Pour que les réformes réussissent, elles doivent être entamées au bon moment», a-t-il martelé.
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Et d’ajouter: «Quand on veut opérer un changement social structurel, les choses deviennent difficiles, mais il faut aller de l’avant (...) Ce sont ces réformes qui donnent au gouvernement des marges budgétaires pour financer d’autres chantiers sociaux et investir pour créer de la richesse».
Au sujet du relèvement de l’âge de départ à la retraite, Abdellatif Jouahri appelle ainsi gouvernement et syndicats à faire preuve de bon sens pour trouver un terrain d’entente dans le cadre du dialogue social, afin d’éviter de creuser davantage le déficit des caisses de prévoyance sociale. «Les études techniques sont connues, les déficits sont connus. Il faut que les interlocuteurs fassent preuve d’intelligence d’un côté comme de l’autre», a-t-il souligné.
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Les dernières études menées par l’Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale (ACAPS), datant de 2020, ont conclu que les principaux régimes de retraite au Maroc arriveront à épuisement durant les prochaines années. Les projections de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) montrent que son régime enregistrerait son premier déficit global dès 2027, tandis que l’épuisement de ses réserves est prévu pour 2040.
La situation est similaire pour les deux régimes du secteur public, gérés respectivement par la Caisse marocaine des retraites (CMR-RPC) et la Caisse nationale de retraites et d’assurances (RCAR-RG). Le premier déficit global du régime CMR-RPC a été enregistré en 2015, pour un épuisement des réserves attendu en 2028. Quant au régime RCAR-RG, son déficit global devrait intervenir durant l’année en cours, alors que l’épuisement de ses réserves est attendu en 2044.