C'est dans la discrétion la plus totale que le ministère de la Santé a fini par accorder son autorisation à la certification du respirateur artificiel à 100% marocain. Un pas important, avant la mise sur le marché de ce produit, qui offre de meilleures chances de survie aux patients atteints du Covid-19, dont le cas est critique.
«Nous sommes sur la bonne voie. Il est prématuré de parler de cela pour le moment, mais nous avons fait beaucoup d’avancées avec le ministère de la Santé», affirme un industriel, membre du cluster médical à l'origine de cette initiative. Cet interlocuteur ajoute par ailleurs qu’il reste toutefois à préciser quelques aspects, liés à la livraison et à l’opérationnalisation de ce nouvel appareil médical dans les hôpitaux.
Sollicités par Le360, les deux ministères, tant celui de la Santé que celui de l’Industrie, n’ont souhaité ni confirmer, ni infirmer, l’homologation du respirateur à 100% marocain.
Initié au deuxième trimestre 2020 alors que les professionnels de santé craignaient une saturation des unités de réanimation et de soins intensifs, ce projet a fédéré un collectif composé d’une quinzaine d’entreprises opérant dans les secteurs de l’ingénierie, de l’aéronautique, de l’automobile et de l’électronique.
Début avril 2020, le ministère de la Santé avait émis un bon de commande pour un premier lot, portant sur un volume initial de 500 respirateurs.
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Deux mois plus tard, au début du mois de juin 2020, Le360 avait effectué un reportage au cœur de la fabrique du respirateur marocain. Lors de cette visite, le journaliste avait pu constater qu'une première série de respirateurs était déjà prête à la livraison.
Malgré la validation d’un comité scientifique composé de 10 réanimateurs représentant 10 CHU, le projet était entre-temps resté en suspension, n’ayant pu recevoir l’aval des autorités sanitaires.
Depuis, les deux ministères, celui de la Santé, comme celui de l’Industrie, se rejetaient la responsabilité du retard pris dans ce dossier, nourrissant une polémique née autour de ce projet.
D’un côté, on reprochait au ministère de la Santé une certaine «lenteur bureaucratique» qui entravait la réception du premier lot de respirateurs, voir son manque d’agilité et de proactivité à un moment où l’inquiétude d’une deuxième vague pandémique se faisait de plus en plus ressentir. De l’autre, on reprochait aussi au ministère de l’Industrie le fait de mettre en danger la santé des citoyens, en cautionnant un dispositif médical qui n'aura finalement été testé que sur un seul sujet d'expérimentation: une seule et unique brebis.
En juillet 2021, dans son rapport sur les marchés publics anti-Covid, une mission parlementaire avait relevé une absence manifeste de coordination entre les ministères de la Santé et de l’Industrie, semant ainsi une confusion totale dans l’opinion publique.
Auditionnée par les membres de cette mission parlementaire, une responsable au ministère de la Santé avait laissé entendre qu’une étude technique aurait révélé de nombreuses insuffisances dans l’utilisation du respirateur artificiel à 100% marocain.
Cette même responsable avait informé la mission que le comité scientifique chargé de ce dossier avait refusé de délivrer son autorisation, en l’absence de conditions basiques, notamment celles entourant les essais cliniques.
Ce même rapport s’interrogeait sur l’attitude du ministère de la Santé qui, d’un côté, avait refusé de délivrer sa certification et, de l’autre, avait passé commande de 500 respirateurs auprès de ce collectif, initiateur du projet!
Enfin, voici à présent un mois, le 28 décembre 2021, le ministre de la Santé, Khalid Aït Taleb, le ministre de l’Industrie, Ryad Mezzour, le président du Cluster Médical, Saïd Benhajjou et le président de l’Association marocaine des groupes de santé (AMGS), Mohamed Elmandjra, ont signé un protocole d’accord dédié au développement de la fabrication nationale de dispositifs médicaux et de produits de santé...