Que viennent chercher les investisseurs russes au Maroc ? Une question qui alimente les discussions au sein des milieux des affaires depuis qu’une cinquantaine d'opérateurs russes ont débarqué à Casablanca pour rencontrer leurs homologues marocains dans le cadre du forum maroco-russe organisé du 1er au 4 décembre. Il ne faut pas chercher bien loin pour trouver une réponse. Si la version officielle fait état du "renforcement de partenariat" et parle "d'explorer les opportunités", il faut aussi dire que l’intérêt porté aujourd’hui au royaume vient dans un contexte où les échanges commerciaux entre les deux pays fondent comme neige au soleil. A la fin août 2013, ils n’ont totalisé que 11,4 milliards de DH contre plus de 14 milliards de DH sur les huit premiers mois de l'année 2012, soit une baisse de plus de 20%. Et ce sont bien les russes qui sont le plus lésés par cette situation. En effet, si les échanges entre les deux pays ont baissé, c'est parce que les importations marocaines en provenance de la fédération de Russie ont baissé de 20,4%.
L'énergie en tête des priorités
C’est la première fois depuis au mois cinq ans que les russes n’arrivent plus à écouler leurs marchandises sur le marché marocain et les hommes d'affaires russes n'ont pas attendu longtemps pour réagir. De nouvelles pistes ont ainsi été explorées lors de ce premier jour de rencontres avec leurs homologues marocains. Mais comme il fallait s'y attendre, c'est le secteur énergétique qui a le plus retenu l'attention, comme en témoigne la forte représentativité des opérateurs de ce secteur. Une première audience leur a été accordée par le ministre de tutelle, Abdelkader Amara, en attendant des réunions prévues plus tard avec les responsables de l’ONEE, AMISOLE et l’ONHYM. Cela tombe à pic puisque jusque là, la Russie était un partenaire majeur du Maroc dans le domaine énergétique.
La Russie étant le deuxième producteur de pétrole dans le monde, la grande partie de ses exportations vers le royaume est constitué de combustibles, d’huiles minérales et de leurs produits de distillation. Elle est de plus en plus concurrencée, notamment par les monarchies du Golfe qui sont devenues l'un des principaux fournisseurs du Maroc en énergie fossiles. Désormais, il s'agira de diversifier la liste des produits écoulés sur le marché marocain, en capitalisant notamment sur la force de ses industries chimiques, métallurgique et, pourquoi pas, sur son industrie de la défense, pour redorer son blason sur le marché marocain et en faire une plateforme de développement vers l’Afrique.
Du côté marocain, si l'on se réjouit de cet intérêt porté par les hommes d'affaires russes au royaume, il ne faudrait donc pas perdre de vue l'objectif suprême de ce forum maroc-russe, à savoir la réduction du déficit commercial qui se chiffre déjà à 20 milliards de DH par an. Les secteurs des agrumes, le tourisme ou encore l'agroindustrie par exemple, mériteraient d'être mis en valeur lors des différentes réunions pour que cette mission d'affaires soit réellement win-win.