Célébrer le cinquantenaire de la Marche verte, c’est mesurer la continuité d’un projet économique et territorial. Depuis 1975, le développement du Sud du Royaume s’inscrit dans une stratégie d’État structurée, qui a pris une dimension nouvelle avec le lancement, en 2015, du nouveau modèle de développement des provinces du Sud. Sous l’impulsion du Roi Mohammed VI, ce programme a permis d’ancrer la région dans la dynamique nationale de croissance et d’intégration africaine, en combinant investissements massifs et montée en compétences locales.
Le Maroc a mobilisé près de 100 milliards de dirhams d’investissements pour moderniser les infrastructures, développer les zones industrielles, valoriser les ressources halieutiques, promouvoir l’agriculture durable et étendre les énergies renouvelables. Selon les données officielles, plus de 50 milliards de dirhams ont déjà été effectivement engagés et réalisés sur le terrain. Cet effort se traduit par une transformation visible: routes, ports, centrales solaires et complexes industriels viennent appuyer une croissance régionale soutenue.
Le Haut-commissariat au plan (HCP) indique que le PIB régional est passé de 15 milliards de dirhams en 2015 à 30 milliards aujourd’hui, soit un doublement en une décennie, avec un taux de croissance moyen annuel de 7%, supérieur à la moyenne nationale. Ce rythme illustre la rentabilité économique de la politique publique engagée. Comme le souligne Mohammed Jifer, directeur général du Centre régional d’investissement (CRI) de Laâyoune–Sakia El Hamra, «le rendement de cet investissement public peut être mesuré par l’indicateur ICOR: il a fallu 50 milliards de dirhams d’investissement pour produire 15 milliards de richesses, un ratio parmi les plus faibles au niveau mondial, ce qui traduit une grande efficacité.»
L’investissement privé suit la même dynamique. Le ratio entre investissements publics et privés atteint 40%, un niveau supérieur à la moyenne nationale. Chaque année, environ 3 milliards de dirhams sont mobilisés dans la région par des acteurs nationaux et étrangers, attirés par un climat d’affaires en amélioration et une offre territoriale compétitive.
Les nouveaux relais de croissance se multiplient dans les énergies renouvelables, la pêche, la logistique, le ciment et les services à haute valeur ajoutée, en complément des secteurs traditionnels du commerce et de la mine. Cette diversification positionne les provinces du Sud comme un maillon stratégique du développement industriel et énergétique du Royaume, en cohérence avec la vision royale d’intégration économique continentale.
La voie express Tiznit–Dakhla, colonne vertébrale de la connectivité sud
Projet emblématique de cette politique d’investissement, la voie express Tiznit–Dakhla incarne la transformation du territoire. Longue de 1.055 km, elle représente un investissement global de plus de 9 milliards de dirhams. Son objectif: relier durablement le Nord au Sud, fluidifier les échanges et renforcer l’ouverture vers l’Afrique de l’Ouest.
Le projet s’articule autour de trois tronçons:
• Tiznit–Guelmim (114 km), le plus difficile techniquement, mobilise 2 milliards de dirhams et traverse une zone montagneuse exigeante, entièrement réalisée par des compétences marocaines;
• Guelmim–Laâyoune (446 km), estimé à 7 milliards de dirhams, comprend 11 ponts et plusieurs contournements urbains, selon les standards internationaux;
• Laâyoune–Dakhla, d’environ 500 à 600 km, représente près d’un milliard de dirhams.
Ce chantier colossal a nécessité 3.500 engins, 350 ingénieurs et techniciens, 33 millions de mètres cubes de terrassement et 1.557 ouvrages hydrauliques, confirmant l’ampleur de l’investissement consenti. Les résultats sont tangibles: les temps de trajet ont été divisés par deux entre Guelmim et Laâyoune, passant de six à environ trois heures.
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Comme l’explique Mbarek Fancha, directeur de l’aménagement de la RN1 entre Tiznit et Dakhla, «le chantier est aujourd’hui achevé à 100%. Certains ajustements spécifiques ont néanmoins été intégrés pour améliorer la connectivité des villes traversées, notamment la construction d’un viaduc spectaculaire sur le contournement de Laâyoune: un monobloc de 1.700 mètres reposant sur des fondations profondes. Cette infrastructure offrira une réelle valeur ajoutée, non seulement pour la ville et la région, mais aussi pour l’ensemble du Royaume.»
Au-delà des chiffres, cette politique d’investissement s’inscrit dans une logique de souveraineté et d’intégration. Le nouveau modèle de développement des provinces du Sud consolide la présence du Royaume sur son territoire et en fait un pôle d’équilibre économique tourné vers l’Afrique.
Avec la récente adoption du plan d’autonomie par le Conseil de sécurité, le Maroc aborde une nouvelle étape. Comme l’a rappelé le discours royal, «il y a un avant et un après le 31 octobre». Ce tournant politique conforte la trajectoire économique: le développement n’est plus une promesse, mais une réalité visible, mesurable et durable.
Les provinces du Sud sont aujourd’hui un laboratoire du Maroc de demain: compétitif, intégré et résolument africain.








