“C'était une véritable pagaille. Au service de contrôle dans les ports, nous avions l'impression d'être dans un souk”. Un témoignage de transitaire qui traduit la situation catastrophique caractérisant le contrôle des produits industriels à l'import et induisant, selon L'Economiste dans son édition du 1er juin, pertes de dossier, conflits avec les clients et perte de crédibilité concernant les délais de livraison.
La refonte du système de contrôle, dont les principales mesures ont été présentées par Moulay Hafid Elalamy, ministre de l'Industrie, ambitionne de mettre fin à l'anarchie que connaît le secteur depuis des années. Son diagnostic rejoint celui des opérateurs économiques qui se plaignent constamment du harcèlement et des pratiques de corruption qui gangrènent la chaîne.
Alors que les importations de produits contrefaits de textiles et habillements passent la frontière comme une lettre à la poste, les distributeurs qui exploitent des franchises sont mis sous pression par des contrôles tatillons. Et cela touche pratiquement tous les produits.Le système actuel souffre de même d'effectifs insuffisants, de manques de moyens logistiques, d'absence de système d'information, comme il est entaché de fraudes au niveau de certaines opérations. Autant de défaillances confirmées par un rapport de l'Inspection générale des finances, commandé par le ministre de l'Industrie. Pour lui, l'état des lieux était devenu ingérable, d'où la nécessité d'une refonte profonde du système. Concrètement, il s'agit de mettre en place un nouveau dispositif moderne et performant, afin d'assurer la protection des consommateurs et de répondre aux besoins des opérateurs, selon le ministre.
La réorganisation des services de contrôle a déjà été menée au niveau des ports de Casablanca et de Tanger, qui représentent respectivement 71% et 13% des dossiers traités. Les nouvelles normes devront être généralisées sur les autres points d'accueil des produits industriels avant fin juin, a promis la secrétaire général du ministère de l'Industrie. Dans le détail, la mise à niveau du système de contrôle passe par le renforcement des ressources humaines, via la mise en place d'un plan de formation et l'instauration du principe de rotation des équipes en charge du contrôle. Cela permettra de couper court à certaines pratiques malsaines en œuvre depuis plusieurs années.
Parallèlement, cette refonte a permis la réorganisation des flux dans le sens d'une meilleure répartition des tâches et une amélioration de la gestion des archives pour éviter les pertes des dossiers. La révision des procédures permettra aussi un meilleur ciblage du contrôle. Ce qui permettra une réduction du taux de visites et une limitation de l'engorgement des ports.De leur côté, les industriels devront aussi bénéficier de l'aval pour conformité concernant les matières premières importées. Cette réorganisation s'étend aussi à la relation avec les laboratoires de contrôle. Actuellement, 16 établissements se partagent le marché. Désormais, ce sont eux qui devront prendre en charge le prélèvement et l'acheminement des échantillons. Les résultats des analyses sont transmis directement au service de contrôle par voie numérique.
Cette orientation vers une plus grande utilisation du web s'inscrit dans l'objectif de la dématérialisation de ce processus. Cela passe par l'installation d'un système d'information qui garantit la traçabilité de traitement des dossiers. Résultats: plus de fluidité dans l'opération du contrôle documentaire. 85 % des dossiers sont traités en moins de 4h et le déplacement des opérateurs est réduit également de 85%. Ces derniers peuvent directement effectuer la démarche sur la plateforme Portnet. Ceux qui sont obligés de se rendre sur place devront constater les changements ayant marqué les locaux qui ont été réaménagés, afin d'améliorer les conditions de travail et d'accueil.
La mise en place d'un système d'archivage permettra aussi d'en finir avec les images choc, telles celles projetées lors d'une conférence sur le sujet et montrant les dossiers des opérateurs empilés par terre. D'ici fin juin, le département d'Elalamy promet d'activer une plateforme de réclamation en ligne pour recevoir les doléances des professionnels.