Pressions pour lever l’interdiction des cultures gourmandes en eau à Tata

Pastèque. DR

Revue de presse À Tata, grands agriculteurs et lobbies du secteur agricole multiplient les pressions sur les autorités locales pour permettre à nouveau la culture de pastèques rouges et jaunes, malgré l’épuisement des nappes phréatiques. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Al Akhbar.

Le 30/11/2025 à 20h17

Ces derniers jours, de nombreuses manœuvres se déroulent activement dans la région de Souss-Massa, portées par certains grands agriculteurs et des lobbies du secteur agricole, dans le but de faire modifier un arrêté préfectoral interdisant les cultures fortement consommatrices d’eau. «Ces pressions visent les autorités locales de la province de Tata afin de permettre certaines exploitations agricoles dans l’ensemble du territoire provincial», écrit le quotidien Al Akhbar dans son édition du lundi 1er décembre.

Les actions et les pressions exercées ces jours-ci tendent à autoriser à nouveau les cultures gourmandes en eau dans certaines zones de la province, notamment dans le sud de Tata. Les promoteurs de ces démarches avancent que la nappe phréatique de cette région aurait montré des signes d’amélioration au cours des dernières années. Dans ce cadre, une réunion de la Commission provinciale de l’eau, initialement prévue le jeudi 4 décembre, a été reportée au mardi 9 décembre. Cette commission, qui inclut plusieurs services extérieurs, devait examiner la légalisation de certaines cultures sur le territoire provincial.

«De nombreux acteurs craignent que les autorités locales cèdent aux exigences des lobbies agricoles de la région et de la région de Souss-Massa, qui multiplient les pressions pour annuler ou au moins modifier l’arrêté préfectoral n°224 du 17 novembre 2022», souligne Al Akhbar. Leur objectif est de permettre la culture de certaines plantes très consommatrices d’eau, notamment la pastèque rouge et jaune. Or, cette pratique constitue une menace réelle pour la nappe phréatique et contrevient à la circulaire ministérielle n°19325 du 24 octobre 2022, relative à la mise en œuvre rapide des mesures nécessaires pour prévenir le stress hydrique et protéger les nappes d’eau souterraines.

Plusieurs grands exploitants agricoles, des élus et responsables ayant acquis des centaines d’hectares, ainsi que des investisseurs en matériel agricole et systèmes d’irrigation par goutte-à-goutte, coordonnent actuellement leurs efforts afin d’exercer des pressions à différents niveaux et permettre le retour de ces cultures dans la province. Ces cultures avaient été interdites lors des dernières saisons en raison de la rareté de l’eau.

L’interdiction des cultures fortement consommatrices d’eau avait été décidée après que les nappes phréatiques de l’ensemble de la province et de ses bassins inférieurs ont connu une diminution significative. Plusieurs sources qui s’écoulaient naturellement se sont asséchées, poussant les autorités à promulguer un arrêté visant à réglementer strictement l’agriculture dans un contexte de déficit hydrique accru, marqué par la succession de sécheresses et l’absence de précipitations.

L’arrêté préfectoral n°224 du 17 novembre 2022 détaille avec précision les règles de gestion et de rationalisation agricole sur le territoire de la province de Tata. Selon l’article 2, l’exploitation anarchique et excessive de la nappe phréatique est désormais interdite, tout comme le prélèvement illégal d’eau via puits ou points de captage non autorisés. La même disposition prévoit l’interdiction temporaire de délivrer des permis de forage ou de prélèvement dans les zones connaissant un déficit de nappes phréatiques, notamment dans les secteurs de Lokoum, Fam Zguid, Amkerdane, Tizounine, Ait Iblane, ainsi que dans de nouvelles zones irriguées. L’extension des puits existants est également interdite dans toutes les zones de captage d’eau potable, à l’exception des permis compensatoires.

Par ailleurs, l’arrêté interdit désormais les cultures saisonnières gourmandes en eau irriguées par des systèmes localisés en dehors des oasis, en particulier la pastèque rouge et jaune. Seules les cultures vivrières, telles que les céréales et les légumineuses, restent autorisées. Les bénéficiaires des subventions du Fonds de développement agricole ainsi que les locataires de terres appartenant aux collectivités locales sont tenus de respecter le type de cultures prévu dans leur programme d’investissement agricole.

Par La Rédaction
Le 30/11/2025 à 20h17