L’Alliance des économistes istiqlaliens vient de dévoiler ses propositions dans le cadre de la préparation du PLF 2024. Ces recommandations devraient notamment permettre d’améliorer le pouvoir d’achat des citoyens, tirer profit des grands chantiers sociaux programmés, développer le climat des affaires et créer plus d’emplois productifs et valorisants.
Lutter efficacement contre l’inflation
Pour commencer et afin de maintenir le cap d’une politique économique expansionniste, l’Alliance estime que le taux directeur a atteint le plafond soutenable, et que toute augmentation supplémentaire de ce taux risque de freiner l’investissement privé et le développement de l’offre et de la demande qui en résulte.
Ainsi pour revenir à des niveaux soutenables d’inflation, les économistes istiqlaliens recommandent de lutter contre l’augmentation des prix alimentaires par le renforcement de l’offre agricole destinée au marché domestique à travers la réservation d’un quota notamment pour les produits alimentaires de grande consommation et par la subvention des intrants pour améliorer la productivité.
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«Un contrôle plus efficient des chaînes d’approvisionnement, de stockage et de distribution, ainsi que l’accélération de la réforme des marchés de gros et la stricte application du droit de la concurrence doivent compléter les mesures prises jusqu’à maintenant à cet effet», précise-t-on.
Relancer la demande intérieure
Pour relancer la demande intérieure, les économistes de l’Alliance proposent de déployer les allocations familiales et des aides directes dès la rentrée prochaine, mais sans décompenser immédiatement. Ils recommandent aussi d’instaurer, en concertation avec le secteur privé, des mécanismes d’augmentation des salaires de la classe moyenne, pour un rattrapage ciblé du pouvoir d’achat.
Pour réduire le taux de chômage, notamment urbain, les Istiqlaliens demandent à poursuivre la dynamique industrielle et celle des autres secteurs créateurs d’emplois stables et de qualité dans le tertiaire (tourisme dans ses différentes composantes, services aux personnes, services technologiques et digitaux, etc.), mais aussi à réactiver les moteurs traditionnels de croissance tels que le logement et les travaux publics.
Lutter contre le stress-hydrique
L’Alliance insiste par ailleurs sur le besoin d’accélérer la cadence et de sécuriser les investissements dans le secteur de l’eau et de la lutte contre le stress hydrique et leur financement. «Les efforts de finalisation du réseau de transfert interbassins hydrauliques, de lancement et de mise en service successive des stations de dessalement, de déminéralisation et de réutilisation des eaux usées doivent être rigoureusement poursuivis, conformément aux Directives Royales», souligne-t-on.
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Une incitation à l’utilisation plus responsable des nappes phréatiques, à travers une sensibilisation du public à l’exploitation durable des ressources en eau, et une rationalisation juste de l’eau potable et d’irrigation, tenant compte de sa vraie valeur, doivent se poursuivre également quelle que soit la pluviométrie des années à venir, pour continuer ainsi à assurer la disponibilité de cette denrée vitale.
Libéraliser la production et la vente des énergies renouvelables
Les économistes istiqlaliens appellent, sur un autre volet, à envisager une transition énergétique plus volontariste. Alors que le Maroc subventionne la production d’énergie solaire d’une part, et la consommation des ménages et des entreprises d’autre part, ils recommandent d’accélérer la libéralisation de la production et de la vente des énergies renouvelables.
Cette libéralisation nécessite l’engagement d’investissements massifs dans les infrastructures de transport de l’énergie électrique propre, dans le cadre d’un contrat-programme Gouvernement-ONEE, et permettrait à l’économie marocaine de mieux se positionner, et au plus vite, sur les marchés des produits décarbonés.
Parmi les autres propositions de l’Alliance, l’investissement dans les transports publics durables à grandes capacités, notamment le ferroviaire, aussi bien dans les périmètres urbains, interurbains qu’interrégionaux. Le développement de ces réseaux répondrait aux grands besoins de mobilité, fortement ressentis par les citoyennes et citoyens. Il augmenterait également les chances de qualification du Maroc à la co-organisation du Mondial de football 2030, dynamiserait l’emploi et la croissance, réduirait le taux d’émission de gaz à effets de serre lié aux transports individuels et permettrait le développement de l’écosystème ferroviaire en émergence au Royaume.
Accélérer les réformes fiscales
Sur le volet fiscal, les économistes istiqlaliens demandent à poursuivre les réformes entamées et faire de même pour les prélèvements sociaux. Ainsi, ils proposent d’entamer une réforme des prélèvements sociaux, à travers la mise en place d’un barème progressif et déplafonné des cotisations sociales. Ce barème doit permettre de renforcer les ressources du système de couverture sociale, tout en améliorant les faibles et moyens revenus.
«A cet effet, et dans le cadre du déploiement de l’Etat social, il y a lieu d’envisager la mise en place d’une loi annuelle spécifique au financement de la protection sociale, parallèlement à la Loi de finances, incluant l’assurance maladie, la retraite, les aides directes, et l’indemnité pour perte d’emploi. Cet instrument permettrait plus de transparence et de responsabilité, dans le cadre d’une stabilité financière de la sécurité sociale. Elle ferait l’objet d’un vote spécifique par la représentation parlementaire et serait le prélude à la réforme complexe tant attendue de la retraite», expliquent-ils.
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Il est également question d’instaurer une TVA plus neutre, plus simple et plus solidaire qu’il convient d’élargir aux commerces des biens et services sur internet, tout en instaurant une fiscalisation des stocks improductifs (biens mobiliers et immobiliers, même en dehors du périmètre urbain), à l’instar de la TNB.
L’Alliance propose également de poursuivre les mécanismes d’intégration progressive des activités informelles non organisées, de sévir contre l’informel organisé et les flux informels opérés par des structures formelles.
Diversifier les sources de financement de l’Etat
Enfin, les membres de l’Alliance demandent à diversifier les sources de financement de l’Etat, des collectivités territoriales et des établissements publics pour pouvoir concrétiser tous ces chantiers. Certains financements alternatifs restent à explorer en jouant sur la synergie que peuvent constituer ces trois acteurs, y compris dans le cadre de partenariats public-privé (PPP). A titre d’exemple, ils proposent:
-L’inventaire et la récupération des dividendes non remontés par les entreprises, les établissements publics et les participations de l’Etat.
La réactivation de la politique de privatisation et d’ouverture du capital des entreprises publiques notamment à travers la bourse.
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-La vente des biens relevant du domaine privé de l’Etat, souvent loués à des prix sans commune mesure avec leur valeur réelle.
-La mise en place et l’affectation transparente de nouvelles licences d’exploitation de mines, de carrières, de ressources halieutiques, avec des contrats-programmes de valorisation effective de ces ressources et la procuration de contreparties significatives pour les finances publiques.
-L’utilisation du levier de la dette des collectivités territoriales et le recours aux partenariats public privé (PPP) pour le financement de certaines infrastructures locales et grands projets générateurs de revenus (marchés de gros, parkings, transport public, unités de tri et de valorisation des déchets, stades, zones industrielles, etc.).