Les pluies tardives enregistrées en mars et avril ont offert un répit bienvenu à l’arboriculture marocaine, sans pour autant inverser la tendance générale à la sécheresse qui affecte le pays. Ces précipitations, bien que sporadiques, ont favorisé les cultures de printemps en assurant une levée homogène des semis, un enracinement optimal, ainsi qu’un débourrement réussi des arbres fruitiers encore en dormance, indique le quotidien Les Inspirations Éco dans son édition du 14 juillet. Intervenues à un moment crucial du cycle végétatif, elles ont permis d’amorcer la saison sous de meilleurs auspices.
Fortes de ces conditions, les prévisions de la Fédération interprofessionnelle de l’arboriculture fruitière (FEDAM) s’annoncent globalement positives, avec une campagne moyenne à bonne selon les espèces. Les pêches, nectarines et prunes de table affichent une nette progression, avec une production estimée entre 600 000 et 700.000 tonnes, largement supérieure à celle de l’an passé. Le pic de récolte attendu dans les deux prochaines semaines devrait renforcer l’offre sur les marchés et contribuer à une détente des prix, lit-on.
Cependant, ce tableau encourageant masque d’importantes disparités. Certaines cultures, particulièrement sensibles aux aléas climatiques, accusent un recul notable. La production de cerises a chuté d’environ 40% par rapport à l’année précédente, tandis que celle des pommes, notamment les variétés Gala et rouges, recule d’environ 30%. Cité par Les Inspirations Éco, Ahmed Oukabli, président de la FEDAM, explique que «des précipitations survenues durant la floraison ont compromis la pollinisation, ralentissant par ailleurs la maturité des fruits et le rythme d’approvisionnement du marché».
L’abricot, fruit à forte valeur ajoutée très prisé de l’industrie agroalimentaire, voit sa production se déplacer progressivement vers des régions moins touchées par le stress hydrique. Jadis emblématique du bassin de Marrakech, l’abricot y devient rare, conséquence directe de la raréfaction des ressources en eau. Cette relocalisation, conjuguée à une demande soutenue, entraîne mécaniquement une hausse des prix.
À l’inverse, la vigne semble tirer son épingle du jeu cette année. Les premiers indicateurs annoncent une campagne viticole prometteuse, avec des volumes similaires à ceux de l’année précédente. Les deux principales variétés devraient être disponibles d’ici fin juillet, assurant un approvisionnement stable jusqu’en septembre. Les grappes précoces actuellement sur le marché, bien que souvent de qualité moindre, laissent entrevoir une montée en puissance progressive de la filière, lit-on encore.
Dans ce paysage aux couleurs variées, la pastèque et le melon occupent une place particulière. Leur abondance actuelle sur les étals crée une pression à la baisse sur les prix des autres fruits, concurrençant directement les productions saisonnières. Face à cette concurrence, de nombreux commerçants se voient contraints de brader leurs produits pour rester compétitifs.
Les récentes précipitations, bien que jugées ni véritablement bénéfiques ni nuisibles dans certaines régions, peuvent engendrer des surcoûts pour les exploitants agricoles, notamment en raison des risques phytosanitaires. L’humidité favorise l’apparition de maladies cryptogamiques, nécessitant des traitements préventifs plus fréquents, et donc un alourdissement des coûts dans un contexte économique déjà tendu.
Au-delà des effets immédiats, cette campagne met en lumière les fragilités structurelles du secteur face aux aléas climatiques. Si les progrès techniques apportent un nouveau souffle à certaines filières fruitières, une stratégie plus fine reste indispensable, particulièrement pour les cultures hydrophiles telles que la pastèque. Un enjeu crucial pour préserver l’environnement tout en garantissant la compétitivité sur les marchés européens.








