PLF 2022: des hypothèses de cadrage «optimistes», selon CDG Capital Insight

La ministre de l’Economie et des finances, Nadia Fettah Alaoui, lors d’une conférence de presse pour la présentation du projet de loi de finances 2022, le 26 octobre 2021, à Rabat. 

La ministre de l’Economie et des finances, Nadia Fettah Alaoui, lors d’une conférence de presse pour la présentation du projet de loi de finances 2022, le 26 octobre 2021, à Rabat.  . Omar Al Mourchid / MAP

Dans une note d’analyse sur le projet de loi de finances 2022, la direction recherche de CDG Capital estime que les hypothèses retenues par le gouvernement pour l’élaboration de son projet de Budget sont «optimistes», au vu notamment de l’orientation globalement défavorable des cours mondiaux des matières premières et de l’énergie.

Le 04/11/2021 à 12h28

Trop optimiste le PLF 2022? C’est l’avis de l’économiste en chef chez CDG Capital Insight, Ahmed Zahni, auteur d’une note d’analyse détaillée, sur le projet de Budget 2022 actuellement en discussion au Parlement.

«Le PLF 2021 s’articule autour d’une consolidation de la reprise économique aussi bien au niveau national, particulièrement pour la composante non agricole du PIB, qu’au niveau international, notamment chez nos partenaires commerciaux», souligne l’économiste. Pour élaborer son projet de Budget pour 2022, le gouvernement a, pour rappel, retenu les hypothèses suivantes: une croissance de 3,2%, un déficit budgétaire de 5,9%, une campagne agricole estimée à 80 millions de quintaux et un cours moyen de gaz butane de 450 dollars la tonne.

Ce scenario pourrait toutefois être remis en cause par la hausse des prix des matières premières et de l’énergie sur les marchés mondiaux. «Bien que les cours des matières premières et énergétiques retenus pour l’élaboration du projet ont été révisés à la hausse, les dernières évolutions enregistrées principalement sur le marché de l’énergie laissent présager des pressions plus importantes sur les prix», prévient CDG Capital Insight. 

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La note souligne en effet que pour les matières premières et énergétiques, «l’orientation des prix en 2022 semble globalement défavorable, avec la forte reprise de la demande face à une pénurie de l’offre, particulièrement sur le marché de l’énergie, comme en témoigne l’évolution récente du prix du baril de pétrole qui a dépassé le seuil de 80 dollars avec des perspectives haussières».

Le scenario de croissance du PLF pourrait également pâtir d’un «léger essoufflement des activités non agricoles en liaison avec la dissipation de l’effet de base relatif au choc Covid-19 enregistré en 2020». Ainsi, souligne CDG Capital Insight, au niveau national, après la reprise importante du PIB de 5,6% estimé pour l’année 2021, grâce essentiellement à une production céréalière exceptionnelle de 103 millions de quintaux et à une reprise en «V» de la composante non-agricole de 3,8% (contre –5,8% enregistré en 2020), la croissance réelle prévue pour l’année 2022 s’élève à 3,2% sur la base d’une récolte céréalière moyenne de 80 millions de quintaux.

Pour ce qui est de reprise de la demande, le PLF semble également optimiste, estime CDG Capital Insight, et ce «malgré la détérioration du pouvoir d’achat des ménages et la situation difficile des finances publiques pour accompagner le programme ambitieux d’investissement du gouvernement». La note d’analyse rappelle à cet égard que le PLF table sur une consolidation de 3,8% de la reprise de la demande des ménages, principal moteur de la croissance économique nationale, soutenu par les transferts des MRE et l’amélioration des revenus agricoles et non agricoles. Il s’attend également à un léger essoufflement de l’investissement, et à une demande étrangère toujours déficitaire malgré la hausse prévue des exportations hors phosphate et dérivés.

«Dans ces conditions, et sur la base d’une croissance nominale du PIB de 4,4%, dont 3,2% de croissance réelle et 1,2% d’inflation, l’Etat vise à réduire légèrement le déficit budgétaire de 0,3% à –5,9% du PIB en 2022 contre -6,2% estimé pour l’exercice en cours, un niveau mieux que celui fixé par la Loi de finances 2021 de 6,5% du PIB grâce à des recettes fiscales encaissées plus que prévues», indique CDG Capital Insight.

Un effort d’investissement considérable de l’EtatLa note d’analyse fait également un focus sur «l’effort d’investissement considérable» prévu en 2022 par le gouvernement en vue d’accélérer la reprise économique.

«Après une année 2020 marqué par un effort d’investissement historiquement important de 230 milliards de dirhams, l’Etat compte poursuivre sa stratégie de relance par l’investissement public en révisant encore une fois l’enveloppe à la hausse de 6,5% à 245 milliards de dirhams», provenant notamment du budget général, des Entreprises et établissements publics, du Fonds Mohammed VI pour l’investissement et des collectivités territoriales.

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S’agissant du Fonds Mohammed VI pour l’investissement, pilier du plan de relance de l'économie nationale, CDG Capital Insight précise que l’ensemble des démarches réglementaires et statutaires ont été concrétisées, avec la promulgation de la loi 76.20 du 31 décembre 2020 et son décret d’application n° 2.21.67 du 19 février 2021. A cet effet, les préparatifs sont en cours pour la tenue du tout premier Conseil d’administration devant approuver plusieurs résolutions afférentes au démarrage effectif du Fonds.

Par Amine El Kadiri
Le 04/11/2021 à 12h28