Marrakech. Les "nouvelles routes" de la soie chinoises font rêver l'Afrique

Un contremaître chinois sur un chantier de construction à Maputo au Mozambique. 

Un contremaître chinois sur un chantier de construction à Maputo au Mozambique.  . AFP

Les opportunités ouvertes par les "nouvelles routes" de la soie chinoises et par la politique de délocalisation industrielle menée par Pékin ont alimenté promesses d'investissements et rêve de développement, lundi, lors d'un forum Chine-Afrique organisé à Marrakech.

Le 29/11/2017 à 10h34

L'accent a été mis sur les moyens "d'accélérer la coopération dans le domaine de l'investissement", a assuré Wang Yong, le vice-président du Fonds de développement Chine-Afrique à l'ouverture des deux jours de forum réunissant plus de 400 hommes d'affaires, dont 150 Chinois.

En octobre, le 19e Congrès du Parti communiste chinois avait donné "des signaux clairs et puissants: la Chine doit s'ouvrir et accélérer le programme des routes de la soie", a-t-il ajouté. Pour le ministre marocain de l'Industrie Moulay Hafid Elalamy, "Chinois et Africains partagent la même quête de développement (...) et l'initiative de la route de la soie va modifier la carte des échanges internationaux".

En moins de 20 ans, la Chine est devenue le premier partenaire économique de l'Afrique. Leurs échanges commerciaux ont atteint 190 milliards de dollars en 2016 et sont aujourd'hui plus importants que ceux du continent avec l'Inde, la France et les États-Unis réunis, selon les chiffres diffusés au forum.

Après le Kenya, l'Éthiopie, l'Égypte et Djibouti, le Maroc vient de rejoindre le projet des "nouvelles routes de la soie" qui prévoit la construction de routes, ports, lignes de chemin de fer et parcs industriels dans 65 pays pour plus de 1.000 milliards de dollars. Appelé en Chine "La ceinture et la route", ce programme d'infrastructures inclut une ceinture terrestre pour relier la deuxième économie mondiale à l'Europe occidentale via l'Asie centrale et la Russie, et une route maritime pour rejoindre l'Afrique et l'Europe par la mer de Chine et l'océan Indien.

Cette initiative "concerne déjà l'Afrique de l'Est et nous souhaitons que le phénomène s'amplifie (...) aux pays d'Afrique de l'Ouest", a souligné Jean-Claude Brou, le ministre ivoirien de l'Industrie. "Le monde connaît un changement profond et complexe avec un nouveau transfert industriel mondial (...) et l'Afrique représente une abondance de ressources naturelles et humaines", a pour sa part souligné l'ambassadeur de Chine au Maroc Li Li.

Pour le ministre ivoirien Brou, ce transfert industriel représente "une grande opportunité" pour l'Afrique. Avec la hausse du coût de sa main-d'œuvre et son souci de maintenir sa compétitivité, la Chine se tourne désormais vers des pays qui ont des coûts de production bas, indique-t-il, soulignant que "pour les délocalisations annoncées, l'Afrique a un avantage fort en matière de coût salarial."

La Chine était en 2016 le premier investisseur étranger en Afrique avec 36,1 milliards de dollars engagés sur le continent. A la fin de cette année-là, les entreprises chinoises avaient contribué à construire une centaine de parcs industriels, des milliers de voies ferrées et d'autoroutes, ainsi que plusieurs aéroports et centrales électriques, selon les chiffres présentés au forum.

"On n'aurait jamais imaginé que la Chine, qui a pris toutes nos industries textiles, investirait aujourd'hui dans l'industrie textile au Maroc", a souligné le ministre marocain de l'Industrie. "Tout a changé", selon lui, avec la volonté de créer une classe moyenne en Chine, où "l'augmentation des salaires a entraîné une érosion de la compétitivité". 

"La Chine a besoin de l'Afrique et l'Afrique a besoin de la Chine, nous devons resserrer les liens", a insisté Tony Dong, à la tête de la fédération des entrepreneurs sino-européens et venu à Marrakech pour "trouver des opportunités d'investissements".

Le 29/11/2017 à 10h34