Alors que les autorités monétaires tentent par tous les moyens de limiter l’utilisation de l’argent liquide, la circulation de cash au Maroc a considérablement augmenté ces derniers mois. Selon les statistiques monétaires de Bank Al-Maghrib (BAM) à fin août 2020, la circulation fiduciaire (en pièces de monnaie et en billets de banque) est en hausse de 22,1% par rapport à fin décembre 2019.
L’encours du cash en circulation s’établit ainsi à 305 milliards de dirhams à fin août 2020. La hausse est de 55 milliards de dirhams en 8 mois. La part de la monnaie fiduciaire dans la masse monétaire est passée à plus de 21% cette année, contre seulement 16% au début de la décennie.
Cette hausse de la circulation de cash n’est pas un phénomène nouveau, mais elle a été exacerbée par la pandémie de coronavirus qui sévit depuis le mois de mars au Maroc. La distribution par l’Etat des aides financières aux travailleurs impactés par les mesures de confinement et la hausse des retraits au niveau des guichets bancaires ou des comptes épargnes pour subvenir aux besoins quotidiens, expliquent en partie cette flambée de cash.
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La crise du Covid-19 a également accentué les comportements de thésaurisation, c’est-à-dire des liquidités qui quittent le circuit économique. En effet, en période de crise économique et de fortes incertitudes sur l’avenir, comme celle que nous connaissons actuellement, les ménages ont tendance à se constituer une épargne de précaution.
Tout ce cash en circulation, c’est autant d’argent en moins détenu par les banques, ce qui ne manque pas de créer des tensions sur les liquidités et sur la capacité des établissements de crédits à octroyer des prêts. Dans ce contexte, les établissements bancaires ont de plus en plus recours à la monnaie banque centrale. Bank Al-Maghrib (BAM) a ainsi augmenté le volume de ses opérations d’injection de liquidité dans le circuit bancaire, qui s’est établi en moyenne à 116,6 milliards de dirhams durant le mois d’août 2020, après 111,8 milliards de dirhams le mois précédent, indique la Direction des études et de la prévision financière (DEPF), dans sa note dernière note de conjoncture.
Les autorités monétaires du Royaume ont fait de la lutte contre le cash et de sa gestion très coûteuse, une priorité. Un des leviers identifiés pour limiter la circulation de l’argent liquide est le paiement mobile. Selon Bank Al-Maghrib, 400 milliards de dirhams de flux potentiels de cash pourraient être captés par le paiement mobile. Problème: le déploiement à grande échelle de cette solution de paiement «cashless» accuse du retard.
Lors de sa dernière rencontre avec la presse, Abdellatif Jouahri, wali de Bank Al-Maghrib, avait même poussé un coup de gueule, appelant à accélérer l’opérationnalisation de l’écosystème du paiement mobile.