Marché des capitaux: après les banques, la titrisation de créances séduit les sociétés de crédit à la consommation

Les banquiers sont confrontées à une forte progression des créances en souffrance ces derniers mois.

Les banquiers sont confrontées à une forte progression des créances en souffrance ces derniers mois. . DR

La titrisation de créances au Maroc gagne du terrain et attire à présent les sociétés de financement, qui y voient un moyen de dégager des liquidités supplémentaires, en cédant sur le marché leurs portefeuilles de créances résultant de crédits octroyés à la clientèle.

Le 29/10/2021 à 16h00

Cette semaine, Sofac, filiale de CIH Bank spécialisée dans le crédit à la consommation, a obtenu le feu vert de l’Autorité marocaine du marché des capitaux pour réaliser une opération de titrisation de créances pour un montant de 376 millions de dirhams.

«Cette opération à la particularité de porter sur des créances qui résultent de contrat de location avec option d’achat (LOA) de véhicules. C’est une première au Maroc», explique un professionnel du marché des capitaux joint par Le360. «Elle permettra à Sofac de diversifier ses moyens de financements et de disposer de liquidité immédiatement disponibles», ajoute-t-il.

Outre le soulagement de la trésorerie, cette opération permet d’accroître la capacité de financement et de distribution de nouveaux crédits à la clientèle par la société qui titrise ses créances. Elle permet également de transférer, de la société de financement aux investisseurs, les risques afférents à ces créances ce qui permet de partager le risque entre plusieurs institutions.

Notre interlocuteur souligne par ailleurs que «cette opération intervient au moment où l’appétit des investisseurs pour ce genre de papier est croissant», dans un contexte de taux bas où les placements rémunérateurs se font rares.

Ceci explique pourquoi, les opérations de titrisation de créances réalisées par les établissements de crédit ces dernières années, notamment celles portant sur des créances sans risques (en particulier les créances résultant de prêts accordés aux fonctionnaires de l’Etat qui présentent un très faible risque d’impayés) ont connu un grand succès auprès des investisseurs.

Sofac n’est pas la première société de financement à se lancer dans la titrisation de créances. Dès 2017, la filiale consommation du groupe Crédit agricole du Maroc a ouvert le bal, avec une opération de titrisation de créances issues de crédit à la consommation octroyés à des fonctionnaires de l’Etat, d’un montant de 587 millions de dirhams. En 2018, Wafasalaf réalisait une opération similaire d’un montant de 250 millions de dirhams.

Les sociétés de financement suivent ainsi les traces des banques commerciales au Maroc, qui ont largement recours à ce mécanisme de financement depuis plusieurs années. La dernière opération en date est celle d’Attijariwafa bank pour un montant de 1 milliard de dirhams. L’opération a consisté à céder au marché des créances résultant de prêts immobiliers octroyés à des particuliers pour financer l’acquisition d’un logement.

Pour rappel, la titrisation est une technique financière qui transforme des actifs peu liquides, c’est-à-dire pour lesquels il n’y a pas véritablement de marché tels que les crédits, en titres facilement négociables comme des obligations. La société ad hoc émet ainsi des obligations (titres de dette) qui sont vendues par la suite à des investisseurs, lesquels perçoivent en contrepartie les intérêts des crédits liés aux titres émis, ainsi que leur remboursement.

Par Amine El Kadiri
Le 29/10/2021 à 16h00