Malgré l’interdiction décrétée par le régime, des marchandises à destination de l’Algérie sont toujours transbordées au port Tanger Med

Vue aérienne du port Tanger Med.

Un an après l’interdiction faite par le régime d’Alger à l’entrée de marchandises transitant par les ports marocains, cette mesure hostile n’a pas eu l’effet escompté. Les conteneurs à destination de l’Algérie continuent d’être transbordés à Tanger Med, avant d’être déviés vers les ports de Marseille et de Valence puis acheminés vers les ports algériens. Cette acrobatie logistique, aussi tortueuse que coûteuse, résume bien le caractère irrationnel d’un régime aveuglé par la haine.

Le 15/01/2025 à 14h41

Le 10 janvier 2024, le régime d’Alger avait annoncé tambour battant l’interdiction formelle du transbordement par les ports marocains de toute marchandise destinée à l’Algérie. Cette mesure hostile, par laquelle le régime d’Alger espérait miner, un tant soit peu, le succès du port Tanger Med, n’a eu aucun impact sur le trafic maritime dans le port marocain. «Tous les armateurs ont maintenu l’escale de Tanger Med, faisant fi des directives de la junte militaire algérienne», nous confie une source portuaire.

Ironie de l’histoire, le veto opposé au transit dans les ports marocains s’est finalement retourné contre les intérêts du consommateur algérien, qui doit payer les pots cassés d’un régime haineux. «Il y a toute une batterie de mesures hostiles au Maroc qui est déployée par l’Algérie. Mais le pouvoir ne mesure pas l’impact négatif que ces mesures pourraient avoir sur l’économie et les citoyens algériens», regrette Abdelaziz Mantrach, président de l’Association marocaine professionnelle des agents maritimes, consignataires de navires et de courtiers d’affrètement du Maroc (APRAM), également vice-président de l’Association marocaine des exportateurs (Asmex).

Déviations coûteuses

Pour contourner l’interdiction imposée par la junte au pouvoir, les importateurs algériens ont été contraints de rallonger l’itinéraire des marchandises: après l’escale au port Tanger Med, celles-ci sont acheminées vers un port européen, notamment ceux de Marseille, en France, ou de Valence, en Espagne, avant d’être finalement débarquées en Algérie.

«Cette déviation entraîne des coûts supplémentaires significatifs du fait de l’allongement du trajet, rendant plus chers les produits importés», affirme Abdelaziz Mantrach. Résultat, alors qu’il cherchait à nuire à l’activité du port Tanger Med, premier port à conteneurs en Méditerranée, le régime d’Alger n’a fait que saler la facture des importations et, par ricochet, miner le pouvoir d’achat des Algériens.

Mieux, le port marocain a vu augmenter le trafic des conteneurs transitant via ses terminaux, à la faveur des perturbations provoquées par les attaques des rebelles houthis en mer Rouge. En effet, au lieu de passer par le Canal de Suez, les bateaux des compagnies maritimes reliant l’Asie et l’Europe privilégient désormais la route alternative, en contournant l’Afrique via le Cap de Bonne-Espérance.

«Le choix est naturellement porté sur le port Tanger Med pour décharger les cargaisons avec une qualité de service inégalée. Des petits bateaux prennent ensuite le relais pour recharger les conteneurs au départ de Tanger et assurer leur distribution dans les ports méditerranéens, notamment à l’est», explique Abdelaziz Mantrach, précisant que dans ce lot de nouvelles cargaisons transitant par le port Tanger Med, «il y a des marchandises à destination de l’Algérie».

Incapable d’imposer ses diktats aux grands armateurs, le régime d’Alger a donc consenti à ce que les conteneurs à destination de l’Algérie continuent d’être transbordés au port Tanger Med, mais à condition qu’ils ne soient pas directement acheminées à partir du Maroc. Et qu’importe si l’acrobatie logistique imaginée pour atteindre cet objectif implique des coûts et des délais supplémentaires: cela fait cinquante ans que l’appareil militaro-politique paie très cher sa haine irrationnelle du Maroc.

Par Wadie El Mouden
Le 15/01/2025 à 14h41