Le marché locatif traverse une zone de turbulences qui inquiète de plus en plus les professionnels de l’immobilier. Alors que la demande en logements à louer demeure forte, une part significative du parc immobilier reste inoccupée. Selon les dernières données du Haut-Commissariat au Plan, reprises par le magazine Finances News Hebdo, le Maroc comptait en 2024 près de 2,4 millions de logements vacants, un chiffre révélateur d’un profond déséquilibre entre l’offre potentielle et la réalité du marché.
Traditionnellement, l’investissement locatif a toujours constitué un pilier essentiel du secteur immobilier, attirant aussi bien les petits épargnants que les investisseurs aguerris. Pourtant, ce segment stratégique semble aujourd’hui freiné par un ensemble de contraintes qui poussent de nombreux propriétaires à renoncer à la mise en location de leurs biens. La crainte des abus, notamment les impayés de loyers ou les litiges prolongés, figure parmi les principales raisons de cette réticence. Résultat, des milliers de logements restent fermés, parfois pendant des années, alors même que la pression sur la demande ne cesse de croître.
Cette situation paradoxale se traduit par de réelles difficultés pour les candidats à la location, qu’il s’agisse de ménages à la recherche d’un logement ou d’entreprises en quête de locaux professionnels. Malgré l’essor des plateformes numériques dédiées à l’immobilier et l’intervention d’un grand nombre d’agents et d’intermédiaires, trouver un bien correspondant à des critères précis relève souvent du parcours du combattant, écrit Finances News Hebdo. Le marché peine ainsi à se structurer autour de règles claires et équilibrées, capables de rassurer l’ensemble des acteurs.
Les professionnels du secteur pointent du doigt les limites du cadre juridique actuel, jugé insuffisamment protecteur pour les bailleurs. Cette fragilité législative favorise une multiplication des litiges, contribuant à l’engorgement des tribunaux. Les contentieux concernent le plus souvent les retards ou défauts de paiement, les désaccords sur la révision des loyers ou encore les travaux entrepris par les locataires sans l’accord préalable des propriétaires. Autant de situations qui renforcent le sentiment d’insécurité juridique et dissuadent les bailleurs de s’engager.
Le cadre légal du locatif repose principalement sur les lois 67/12 et 49/16, censées régir les relations entre locataires et propriétaires. Dans la pratique, leur application révèle de nombreuses lacunes. Cité par Finances News Hebdo, Nabil Haddaji, avocat au barreau de Casablanca, plaide pour une révision de ces textes, qui devient indispensable. Il estime que les procédures judiciaires, souvent longues et coûteuses, aggravent les tensions plutôt qu’elles ne les résolvent. Selon lui, le recours à l’arbitrage constitue une alternative crédible, permettant de désamorcer les conflits plus rapidement tout en allégeant la charge pesant sur les juridictions.
Cette analyse est partagée par Mohamed Alaoui, expert en immobilier également cité par Finances News Hebdo et qui voit dans la réforme du cadre légal et l’introduction effective de mécanismes d’arbitrage un levier essentiel pour redynamiser le marché. À ses yeux, la possibilité de régler les différends à l’amiable renforcerait la confiance entre les parties et limiterait les comportements abusifs, qu’ils proviennent des locataires ou des propriétaires. Une telle évolution pourrait encourager la remise sur le marché de nombreux logements aujourd’hui vacants.
Au-delà de l’arbitrage, d’autres pistes sont avancées pour assainir le secteur locatif. Parmi elles figure la création d’une base de données recensant les mauvais payeurs ou les locataires ayant déjà fait l’objet de procédures judiciaires. Un dispositif déjà en vigueur dans plusieurs pays et qui, selon les experts, a démontré son efficacité. En identifiant les comportements à risque, le marché pourrait gagner en transparence et en crédibilité, favorisant ainsi un climat plus serein pour l’investissement locatif.








