Réunis à Alger à l'occasion d'un forum énergétique international, les pays de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) vont se réunir de manière informelle mercredi pour tenter de trouver un moyen de faire remonter le prix du baril, bas depuis mi-2014.
Mais comme anticipé, de fortes divergences de vues notamment entre l'Iran et l'Arabie saoudite, deux grandes puissances rivales du Moyen-Orient, risquent de bloquer un accord."Atteindre un accord en deux jours ne figure pas sur notre agenda", a déclaré mardi le ministre iranien du pétrole, Bijan Namdar Zanganeh, à Alger.
"Nous avons besoin de temps pour de plus amples consultations", a-t-il dit avant d'ajouter qu'un accord pourrait éventuellement être trouvé lors de la réunion de l'OPEP le 30 novembre à Vienne.
L'Iran affirme notamment vouloir avant tout rétablir ses niveaux de production antérieurs aux sanctions internationales liées à son programme nucléaire, sanctions désormais levées.
"Nous ne sommes pas prêts" à geler notre production à ses niveaux actuels, a-t-il dit, affirmant que 'l objectif de production de son pays était de 4 millions de baril par jour, contre de 3,6 à 3,8 actuellement selon les sources.
Les prix du pétrole ont été divisés par plus de deux depuis mi-2014 en raison d'une offre excédentaire, fruit du boom des hydrocarbures de schiste américains et de la stratégie de l'OPEP d'ouvrir à fond les robinets pour maintenir ses parts de marché.
Plusieurs pays producteurs, fortement dépendants des revenus pétroliers, plaident pour un gel de production. Mais certains gros producteurs s'y opposent, comme l'Iran, ou même l'Arabie saoudite si Téhéran ne se joint pas au projet.
"Un seul pays ne peut pas influer sur le marché", a réagi le ministre saoudien, Khaled al-Faleh, aux déclarations de son homologue iranien. Il a aussi soufflé le chaud et le froid sur cette réunion d'Alger.
D'une part, il a affirmé que son pays n'avait pas réellement besoin d'un accord: "Je demeure optimiste sur la base des fondamentaux du marché qui prennent la bonne direction", a-t-il dit, sous-entendant que le marché était sur la voie d'un rééquilibrage sans qu'il y ait nécessairement besoin d'une intervention.
Mais il a ajouté être optimiste "aussi sur le fait que les producteurs parviennent à une vision commune". Les marchés financiers n'ont pas été surpris outre mesure par ces prises de position, la plupart des experts jugeant peu probable qu'Alger soit le théâtre d'un consensus.
Vers 10H45 GMT (11H45 à Rabat), le baril de Brent de la Mer du nord pour livraison en novembre valait 46,69 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 1,39% par rapport à la clôture de lundi.
Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance diminuait de 68 cents à 45,25 dollars (-1,48%).
"L'espoir qu'un gel de production de brut pourrait être atteint à Alger cette semaine est déçu, après que l'Arabie saoudite s'est jointe à l'Iran pour avertir que ces discussions n'étaient que consultatives. Ce gel ne semble donc pas pour tout de suite et, par conséquent, nous voyons un important mouvement de vente sur le marché pétrolier", a expliqué Neil Wilson, d'ETX Capital.
L'autre grand exportateur de pétrole, la Russie, qui ne fait pas partie de l'OPEP, est également présente à Alger, mais restait silencieux mardi matin.
De son côté, le ministre irakien du Pétrole, Jabbar Ali Hussein al-Luiebi, a déclaré attendre "des résultats positifs" de la réunion d'Alger, "qui seront un facteur essentiel dans la stabilisation et l'équilibre du marché pétrolier mondial (...) Le but est la hausse des prix du pétrole. Nous soutenons tout effort qui permettra d'équilibrer le marché".