Geler 15 milliards de dirhams d’investissements publics déjà inscrits dans la Loi de Finances 2013 a eu l’effet d’une bombe dans l’opinion publique avec un pic au niveau des politiciens qui ont en fait un nouveau cheval de bataille pour tirer à boulets rouges sur le gouvernement en place. Et pourtant, c’est un faux débat ! Finalement, il n’y a pas de quoi fouetter un chat comme on dit, il s’agit en fait que d’une écriture comptable qui ne remet nullement en question les investissements engagés mais juste une manœuvre au niveau des fameux report dont tous les gouvernements précédents, et particulièrement les deux derniers (crise oblige !) ont fait leur spécialité. Cela ne veut pas dire qu’elle sera sans conséquences mais l’impact négatif est limité ou plus exactement ‘‘géré’’. Mais le véritable débat est de savoir si oui ou non, il s’agit de la première mesure d’austérité (appelons un chat un chat) annonciatrice de plusieurs autres mesures draconiennes que prépare le gouvernement. La réponse est incontestablement, OUI. Et cette fois-ci, toutes les lignes du bilan seront concernées, sans concession aucune. Maroc SA n’a pas le choix. Pour préserver les équilibres et se donner au moins la chance de garder intacte son capital sympathie auprès des institutions financières internationales, car du financement, on en aura besoin dans les mois qui viennent. Pour cela, il est impératif de revenir à des niveaux de déficit tolérables tout en maintenant le rythme des investissements pour maintenir le cap de la croissance. C’est ce qu’a essayé d’expliquer le ministre du Budget, Idriss Azami El Idrissi dans ses déclarations à la presse : ‘‘ les finances publiques sont sous tension. Nous avons donc fait des arbitrages pour répondre à deux préoccupations : d'un côté, garder les investissements publics à un niveau important et de l’autre, provisionner des ressources pour maintenir le déficit public à un seuil acceptable’’.
Un plan d’urgence global
Mais une fois cette première mesure ‘‘comptable’’ d’austérité appliquée, les argentiers du pays s’attaqueront à un plan d’urgence plus global comprenant un programme de traque des niches fiscales et le recouvrement des recettes fiscales. Ce qui devrait théoriquement permettre de dégager une bonne trentaine de milliards de dirhams sinon plus. A cela doit s’ajouter le réajustement des dépenses du train de vie de l’Etat, la réforme de la Caisse de compensation, le développement de l’épargne et le soutien du pouvoir d’achat. La croissance ne peut pas venir uniquement des coupes ou des réajustements budgétaires. Le modèle de gestion de crise adopté par Obama est en cela riche en enseignements. Dépasser la crise par le soutien de la consommation, c’est le meilleur moyen de dynamiser le véritable moteur de la croissance à savoir, la classe moyenne dans le registre des citoyens et de la consommation et la PME-PMI dans celui de la production de richesse. Le Maroc SA c’est aussi le développement de nouveaux secteurs productifs, l’amélioration de l’offre exportable, l’accès à de nouveaux marchés, le soutien de l’agriculture, la valorisation des matières premières exportées, l’Afrique…
Le Maroc se dirige franchement vers un plan économique d’urgence où il n’y pas de place à la politique politicienne. Le ministre de l’Economie et des Finances, Nizar Baraka, parle déjà d’un Plan national pour le progrès et d’un Plan de responsabilité économique. Une fois détaillé, la balle sera dans le camp des élus de la nation et des leaders des partis politiques qu’ils soient dans la majorité ou dans l’opposition pour laisser de côté leurs egos et lancer enfin un débat constructif pour sauver le Maroc SA.