À l’issue de sa réunion, le conseil de Bank Al-Maghrib a décidé de maintenir le taux directeur inchangé. La banque centrale a organisé un point de presse pour expliquer cette décision et rappeler le cadre de sa politique monétaire ainsi que les indicateurs qu’elle continue de surveiller.
«Le wali de Bank Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri, a présenté sa lecture de la conjoncture économique et exposé les principaux chantiers en cours ou à venir, parmi lesquels la réforme graduelle du régime de change, la préparation du ciblage de l’inflation, l’inclusion financière, la réduction du cash, le financement des très petites entreprises, le développement du marché à terme et l’encadrement prudentiel des montages financiers innovants», indique le quotidien L’Économiste dans son édition du jeudi 18 décembre.
Concernant le dossier BNP Paribas–Holmarcom, la banque centrale adopte une position de stricte neutralité. Abdellatif Jouahri a précisé que «la banque est informée des discussions préliminaires entre les parties, mais celles-ci peuvent ne pas aboutir. Bank Al-Maghrib n’intervient pas dans les choix stratégiques des acteurs concernés». La conclusion de l’opération impliquerait un changement de contrôle nécessitant un nouvel agrément, qui repose sur un examen approfondi de la solidité du projet industriel et de la capacité à respecter les règles prudentielles. L’évaluation finale est effectuée par le Comité des établissements de crédit, composé de représentants du ministère de l’Économie et des Finances et de Bank Al-Maghrib, seule instance habilitée à agréer ou à refuser l’opération. La banque centrale souligne que le débat sur un éventuel désengagement de capitaux étrangers dans le secteur bancaire doit tenir compte de la qualité des projets de long terme des repreneurs.
Le projet de marché à terme, longtemps freiné par la complexité réglementaire, a achevé sa phase préparatoire. Les responsabilités de la Chambre de compensation, de Bank Al-Maghrib et de l’Autorité marocaine du marché des capitaux sont désormais clairement définies, permettant d’envisager une phase opérationnelle. La mise en place du marché à terme devrait renforcer la profondeur du marché financier et élargir les instruments de couverture disponibles pour les opérateurs économiques.
Sur les financements innovants, relate L’Économiste, «le wali a précisé que ces opérations, impliquant la CDG, des OPCVM, des compagnies d’assurances et des organismes de retraite, ne sont pas liées aux déséquilibres des régimes de retraite. Bank Al-Maghrib intervient sur la pondération du risque, considérant ces financements comme assimilés à un risque étatique, sous réserve de garanties strictes et de la sécurisation des flux». La décision de souscription relève des investisseurs et ces instruments offrent généralement un rendement supérieur à celui des adjudications du Trésor.
Concernant le financement des très petites entreprises, la banque centrale a mis l’accent sur la bancabilité et l’accompagnement des projets. Les dispositifs publics ont financé environ 38 000 entreprises, dont 94% sont des TPE, mais plus de 40% présentent des insuffisances structurelles. Bank Al-Maghrib soutient le développement d’un scoring national basé sur le crédit bureau et des solutions intégrant l’intelligence artificielle pour améliorer l’objectivité des décisions de financement.
Sur le régime de change, la transition vers davantage de flexibilité sera progressive. Le dirham reste adossé à un panier composé de 60% d’euro et 40% de dollar. L’année 2026 sera consacrée à des exercices préparatoires, et le ciblage de l’inflation devrait être introduit à titre pilote en 2027, avec une capacité d’intervention pour préserver la valeur du dirham, souligne le quotidien.
En matière de paiement mobile et d’inclusion financière, la banque centrale estime que le blocage est davantage lié à l’usage qu’à la technologie. Le développement de l’écosystème de proximité reste incomplet et le volume de cash demeure élevé. L’adoption de canaux de paiement mobile pour les aides sociales pourrait accélérer la digitalisation des paiements et améliorer la traçabilité des flux.
Sur le plan monétaire, la transmission des décisions de taux reste partielle, la dynamique du crédit étant concentrée autour de quelques grands acteurs publics. Bank Al-Maghrib souligne la nécessité de renforcer l’appareil statistique national et d’entretenir une concertation continue avec l’État et le secteur bancaire afin de préserver la crédibilité institutionnelle.
Concernant les subventions et les aides sociales, le Maroc a engagé un processus de décompensation graduelle ciblant les populations éligibles. Le succès de cette démarche repose sur le développement des registres nationaux, sociaux et de la population, malgré la complexité et le coût politique et social de la réforme. La réduction de l’usage du cash et l’utilisation des paiements mobiles pour les aides publiques pourraient renforcer la traçabilité et l’inclusion financière.
Enfin, Bank Al-Maghrib a intégré les risques liés aux catastrophes naturelles et aux changements climatiques dans son analyse macroéconomique. Les décisions budgétaires liées à la reconstruction ou à l’aide à la suite de ces événements sont suivies progressivement pour évaluer leur impact sur les finances publiques. La banque centrale encourage également un recours accru aux financements verts et l’intégration systématique des risques climatiques dans les décisions de financement des banques.







