Huit banques opérationnelles, 120 agences ouvertes et des financements dépassant les 10 milliards de dirhams octroyés… Ce sont, en bref, quelques indicateurs de la finance participative au Maroc, rapporte le quotidien Aujourd’hui le Maroc dans son édition du 8 juin.
Bien que cet écosystème soit incomplet, il a réussi, en peu de temps, à capter une tranche importante de la clientèle et, surtout, à intéresser les opérateurs financiers du monde entier. Le Maroc, qui fait partie des derniers pays à rejoindre cette sphère, a rapidement montré son aptitude à mettre en œuvre un nouveau système bancaire bien ficelé. Une dynamique qui, malgré le contexte actuel, est appelée à se consolider, du fait que la crise Covid-19 offre aux opérateurs de la finance participative des opportunités indéniables pour le développement de leurs offres et l’élargissement de leurs cibles.
C’est ce qu’ont tenu à souligner les participants à la conférence organisée en ligne, jeudi 5 juin, par le Club des dirigeants du Maroc. Ce webinaire a permis non seulement d’identifier les opportunités, mais également de souligner les menaces auxquelles est exposée cette activité, particulièrement en cette conjoncture.
Saïd Amaghdir, directeur associé de Finance Value, a ainsi pointé du doigt l’absence de l’assurance Takaful. Selon l’expert, ce maillon manquant met en péril les 10 milliards de dirhams de financements non assurés à ce jour. De même, le décès des bénéficiaires de financement participatif pourrait alourdir le panier des cas sociaux à gérer. «Nous souhaitons que nos régulateurs passent à la vitesse supérieure, de manière à fixer des objectifs réalistes et à accompagner sereinement les banques pour faire face aux contraintes, notamment à la baisse de financement en cette période», explique Saïd Amaghdir. Et d’ajouter: «Nous demandons à ce que l’écosystème de la finance participative soit complet parce que la force de frappe de cette nouvelle finance est visible dans cette synergie existant entre la banque, l’assurance et les marchés des capitaux».
S’agissant des perspectives, Mohamed Maarouf, directeur général de BTI Bank, reste réaliste. «Notre système bancaire est certes très solide, mais nous ne savons pas quels seraient les effets de cette crise sur les acteurs du secteur. Avec le nombre d’entreprises en difficulté, des défaillances vont se produire mais personne, aujourd’hui, ne peut prévoir l’ampleur de ces défaillances. Une chose est sûre, un changement de paradigme attend le secteur dans les prochains mois», souligne-t-il.
Les deux intervenants ont été unanimes sur le fait que la finance participative devrait profiter des grands changements à opérer dans le paysage financier.