Le ralentissement économique, l’inflation, la pénurie d’eau, l’inégalité et le chômage sont les cinq principaux risques qui guettent le Maroc à court terme, selon une enquête d’opinion des dirigeants, menée par le Forum économique mondial (World Economic Forum, WEF), dont les résultats viennent d’être publiés dans le rapport «Global Risk Report 2024».
Réalisé par le WEF, en partenariat avec Zurich Insurance Group et Marsh McLennan, ce rapport présente les résultats de l’Enquête mondiale sur la perception des risques (GRPS), menée auprès de 1.500 experts mondiaux, issus des entreprises, des universités, de la société civile et des gouvernements. Il analyse les risques mondiaux sur des horizons d’un, deux et dix ans, «afin d’aider les décideurs à adopter une double vision qui équilibre les risques à court et à long terme».
Au niveau mondial, les résultats de l’Enquête mondiale sur la perception des risques pour 2024, 2026 et 2034 mettent en évidence les crises actuelles qui érodent la résilience, ainsi que les nouvelles sources de risque en évolution rapide qui façonneront la prochaine décennie, relèvent les auteurs du rapport.
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Sur une période d’un an, les personnes interrogées ont été invitées à sélectionner jusqu’à cinq risques qui, selon eux, sont les plus susceptibles de provoquer une crise à l’échelle mondiale en 2024. Les résultats montrent qu’après l’été le plus chaud de l’hémisphère Nord jamais enregistré en 2023, les deux tiers (66%) des personnes interrogées ont retenu les conditions météorologiques extrêmes comme le principal risque en 2024. La désinformation générée par l’Intelligence artificielle-IA (53%) et la polarisation sociétale et politique (46%) suivent en deuxième et troisième place. «De nombreux pays ont encore du mal à regagner les années de progrès perdues suite à la pandémie de COVID-19, créant un terrain fertile pour que la désinformation s’installe et polarise les communautés, les sociétés et les pays», explique le WEF.
S’agissant de la deuxième période (d’ici 2026) couverte par l’enquête du WEF, la désinformation a rapidement grimpé dans le classement pour atteindre la première place et le risque est susceptible de devenir plus aigu à mesure de l’organisation des élections cette année dans plusieurs économies. Elle est suivie par les événements météorologiques extrêmes et la polarisation sociétale. «Les facteurs de division tels que la polarisation politique et les difficultés économiques diminuent la confiance et le sentiment de valeurs partagées», soulignent les auteurs du rapport. L’érosion de la cohésion sociale laisse largement la possibilité, poursuivent-ils, à des risques nouveaux et évolutifs de se propager à leur tour.
Détérioration attendue du paysage mondial des risques
Concernant le troisième horizon couvert par l’enquête, le WEF indique que «la prochaine décennie marquera le début d’une période de changements importants, mettant à rude épreuve notre capacité d’adaptation». Les personnes interrogées dans le cadre de cette enquête sur la perception des risques sont beaucoup moins optimistes quant aux perspectives à long terme qu’à court terme. En effet, note-t-il, la comparaison des périodes de deux et dix ans révèle une détérioration du paysage mondial des risques. Le score de gravité de 33 des 34 risques mondiaux augmente à long terme, reflétant les inquiétudes des personnes interrogées quant à la fréquence ou à l’intensité accrue de ces risques au cours d’un horizon de 10 ans.
Et ce sont les risques environnementaux et technologiques qui devraient s’aggraver le plus au cours de cette période et dominer le paysage mondial des risques à long terme. Presque tous les risques environnementaux figurent dans le top 10 des risques pour la décennie à venir. Les phénomènes météorologiques extrêmes devraient devenir encore plus graves et constituer le risque le plus important au cours de la prochaine décennie. La gravité perçue de la perte de biodiversité et de l’effondrement des écosystèmes est celle qui aggrave le plus tous les risques, augmentant de deux points Likert, passant de la 20ème place à court terme à la 3ème place.
Les changements critiques dans les systèmes terrestres et les pénuries de ressources naturelles font également partie des risques perçus comme se détériorant sensiblement, contribuant à leur entrée dans le top 10 des risques au cours des 10 prochaines années, tandis que le risque associé de migration involontaire gagne une place au 7ème rang au cours de la prochaine décennie. La pollution reste à la 10ème place. En revanche, les catastrophes naturelles non liées aux conditions météorologiques se situent près du bas du classement sur les deux horizons temporels, reflétant probablement la nature d’un tel risque extrême et la nature souvent géographiquement isolée de ces événements.