Depuis le déblocage en mars dernier de la dixième vague des aides destinées aux transporteurs, ces derniers affirment n’avoir aucune visibilité sur la suite. La onzième vague se fait toujours attendre. Le gouvernement, lui, préfère garder le suspense alors que des rumeurs circulent sur une éventuelle suspension définitive du dispositif de soutien. Ce climat de forte incertitude a poussé certains syndicats à hausser le ton, appelant le gouvernement à sortir de son silence.
«L’aide a été installée quand le litre du gasoil avait dépassé le seuil de 12 dirhams. Maintenant qu’il est descendu sous les 12 dirhams, la logique veut qu’on revienne à la situation d’avant. Rien ne justifie de renouveler l’aide directe», explique cet expert en transport, qui estime que le gouvernement est en droit de suspendre l’aide aux transporteurs.
D’aucuns n’hésitent pas à pointer la responsabilité du gouvernement dans ce «comportement addictif» chez les transporteurs vis-à-vis de l’aide publique.
«Plusieurs associations n’étaient pas enthousiastes à l’idée des aides directes et ont longtemps défendu la transparence du système à travers un mécanisme d’indexation (répercussion des hausses et des baisses du prix du gasoil sur la tarification du transport, ndlr)», nous confie une source proche du dossier ayant pris part aux réunions avec les ministres concernés, Mohammed Abdeljalil (Transport) et Fouzi Lekjaa (Budget).
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Le gouvernement, poursuit la même source, n’est pas tout à fait convaincu de la pertinence du choix de l’indexation qui risque d’obérer le pouvoir d’achat des citoyens. Par conséquent, l’exécutif a préféré opter pour une action ponctuelle, croyant que l’intervention via les aides va durer deux à trois mois maximum.
Aujourd’hui, le dispositif d’aide a atteint sa dixième édition et a déjà coûté plus de 5 milliards de dirhams. Pis, constate la même source, les transporteurs se sont installés dans un système de rente. «Celui qui dispose de dix camions reçoit l’aide directe pour chaque camion, environ 9.000 dirhams l’unité, soit un total de 90.000 dirhams, même si ces camions se trouvent tous à l’arrêt», a-t-elle ajouté.
En l’absence de visibilité sur le projet de loi devant encadrer l’indexation du prix du transport sur le carburant, les professionnels ne semblent pas prêts à abandonner l’aide étatique, n’hésitant pas à demander au gouvernement de surseoir à sa décision de revoir les conditions d’accès à la profession (voir ci-dessous le dernier communiqué du collectif des syndicats des transporteurs). «90% des opérateurs disposent d’un ou deux véhicules, en majorité des personnes physiques. Le statu quo sert les intérêts des structures informelles qui dominent le secteur», regrette notre interlocuteur.