Vers 20H10 GMT, le billet vert abandonnait 0,56% face à la monnaie unique, à 1,0145 dollar pour un euro. La devise qui a remplacé l'écu en 1999 a même atteint jusqu'à 1,02 dollar, pour la première fois depuis dix jours.
«Le dollar était allé un peu vite, un peu loin, ces derniers jours, donc il y a des prises de bénéfices de certains traders», a commenté Juan Manuel Herrera, de Scotiabank.
La retraite du «greenback» est aussi attribuable, selon l'analyste, «au fait que les attentes d'une hausse d'un point du taux de la Fed (banque centrale américaine) se sont calmées».
Lire aussi : Le dollar passe brièvement au-dessus de l'euro, dopé par l'inflation américaine
Après la publication, mercredi dernier, de l'indice des prix américain CPI très au-dessus des attentes, le marché s'était d'un coup emballé pour l'hypothèse d'un tel relèvement, qui aurait constitué une première dans l'ère moderne.
Mais de bons indicateurs macroéconomiques et des propos de membres de la Fed ont ramené les opérateurs vers leur scénario initial, à savoir une hausse de 0,75 point lors de la prochaine réunion du Comité monétaire de la Fed, les 26 et 27 juillet.
Le marché croit néanmoins plus que jamais à l'idée d'un traitement de cheval par la Fed à court terme, et anticipe une nouvelle hausse de 0,75 point lors de la réunion de septembre, soit la troisième en autant d'échéances, alors qu'il ne tablait que sur un demi-point il y a une semaine.
«Cela signifie qu'en agissant plus vite (que prévu), ils pourraient ne pas avoir à aller aussi haut», explique Juan Manuel Herrera. «Plus de hausses aujourd'hui pourrait vouloir dire moins de relèvements plus tard, donc l'impact sur le dollar est ambigu.»
Quant à la moindre probabilité d'une hausse d'un point ce mois-ci, elle a permis le rebond des marchés, qui croient davantage à un atterrissage en douceur de l'économie américaine, «des facteurs qui ont affaibli le dollar, jugé plus sûr», et relancé l'appétit pour le risque, a souligné, dans une note, Joe Manimbo, de Western Union.
Pour autant, le répit pourrait être de courte durée pour l'euro, qui a entamé une semaine délicate.
Jeudi, la Banque centrale européenne (BCE) devrait relever son taux directeur pour la première fois depuis 2011, mais celui-ci restera négatif (de -0,50% à -0,25%) et encore très loin de ceux de beaucoup de grandes banques centrales, en premier lieu la Fed (actuellement entre 1,50% et 1,75%).
La journée de jeudi pourrait aussi marquer un nouvel épisode de la crise énergétique en Europe, car l'incertitude pèse sur le redémarrage programmé du gazoduc Nord Stream, actuellement arrêté pour des travaux de maintenance, qui achemine la majeure partie du gaz russe vers l'Europe.
Lire aussi : Gaz russe: l'Europe plonge dans l'inconnu avec l'arrêt temporaire de Nord Stream
La veille, le chef du gouvernement italien Mario Draghi doit indiquer au Parlement s'il entend ou non rester en fonction, le Mouvement 5 Etoiles (M5S) ayant remis en cause l'alliance politique qui lui permettait de gouverner.
«Donc il y a beaucoup d'événements majeurs cette semaine qui pourraient affaiblir l’euro», prévient Juan Manuel Herrera.
Ailleurs sur le marché des changes, le dollar maintenant son emprise sur certaines devises notamment la roupie indienne, qui a frôlé, pour la première fois de son histoire, 80 roupies pour un dollar.