La récession pourrait faire basculer 1 million de Marocains dans la pauvreté

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A cause de la violence du choc économique, les équilibres sociaux seraient nettement fragilisés et le risque de voir des taux plus élevés de vulnérabilité et de pauvreté est considérable, estime le think tank Policy Center for the New South dans une étude publiée récemment.

Le 16/12/2020 à 15h34

L'activité économique devrait connaître une contraction «sévère» de près de 7% en 2020, dans le contexte actuel de la crise sanitaire liée à la pandémie du nouveau coronavirus, selon un policy paper du Policy Center for the New South (PCNS) publié récemment, sous le titre «Impacts de la covid-19 sur l'économie marocaine: un premier bilan».

Les auteurs de ce document se sont penchés, entre autres, sur les impacts sociaux de cette crise inédite par sa violence. Ainsi, selon le think tank, «les équilibres sociaux seraient nettement fragilisés et le risque de voir des taux plus élevés de vulnérabilité et de pauvreté est considérable».

La population la plus exposée, d'après les auteurs de l'étude, est celle opérant dans le secteur informel, dont 80% est sans couverture sociale. Celle-ci est répartie essentiellement entre le textile et l’habillement, le transport, le BTP, le commerce et la restauration.

«Bien que l’Etat ait compensé cette population qui s’est déclarée vulnérable, cela n’aura pas empêché les personnes ayant perdu totalement leurs revenus et n’ayant aucune épargne, de tomber dans le spectre de la pauvreté», indique le PCNS.

Les économistes du think tank ont tenté de quantifier l’ampleur de l’impact du Covid-19 sur la pauvreté. Et les résultats font froid dans le dos: «sur la base d’un scénario de croissance négative de 7%, nous estimons que le choc pourrait faire passer 1 million de Marocains au-dessous de la ligne de pauvreté de 13 dirhams par jour (3,2 dollars en parité de pouvoir d’achat).

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Par conséquent, le taux de pauvreté pourrait augmenter de 5,4% à 8,2% entre 2018 et 2020, estime le PCNS. Au même titre, la population vulnérable vivant à moins de 4,8 dollars/j (20 dirhams/jour), devrait représenter 5,8 millions de personnes à la fin de 2020, en accroissement de 900.000 personnes.

190.000 chômeurs de plus en quelques moisL’ampleur du choc de la récession se lit également dans les perspectives des chiffres du chômage. Selon les chiffres du haut commissariat au Plan, 190.000 personnes sont passées en situation de chômage depuis le début de la crise, entre le premier et le troisième trimestres de 2020, faisant augmenter le taux de chômage à 12,7% au lieu de 10,5%.

La situation du marché du travail devrait encore se détériorer. En se basant sur une prévision de croissance négative de 6% au dernier trimestre, «le taux de chômage pourrait atteindre 13,6%», estime le PCNS.

  • pp_20-36_impacts_covid_maroc.pdf

Par Amine El Kadiri
Le 16/12/2020 à 15h34