Les clients de ces pays ne pourront plus se faire livrer de repas via la plateforme Jumia Food, a annoncé le mensuel panafricain Jeune Afrique dans son édition numérique, précisant que la société a annoncé le 13 décembre qu’elle cesse toutes ses activités de livraison de repas dans sept pays (Nigeria, Kenya, Ouganda, Maroc, Tunisie, Algérie, Côte d’Ivoire) à la fin de l’année.
Pour justifier cette décision, le groupe affirme que «la livraison de produits alimentaires est un segment […] extrêmement compétitif à travers le monde et en Afrique».
Au Nigeria, où se situe le siège du groupe, une centaine de restaurants utilisent Jumia Food pour livrer leurs clients. Contacté par Jeune Afrique, un restaurateur de Lagos, sous couvert d’anonymat, estime que la décision de la plateforme, qu’il juge unilatérale, affectera les petits commerces. Affolé, car lié à Jumia par un contrat d’exclusivité, il estime urgent de «trouver une solution pour continuer à livrer». «Je vais perdre 20 % de mon chiffre d’affaires», craint-il.
«Au cours des neuf premiers mois de 2023, la livraison de repas à domicile a représenté 15 millions de dollars de chiffre d’affaires, soit 11 % des 139 millions de dollars (environ 131 millions d’euros) engrangés par le groupe. En sept ans d’existence, cette activité n’aura jamais été rentable, selon les confidences de la direction de Jumia recueillies par Reuters», rapporte Jeune Afrique.
L’annonce du groupe est révélatrice de sa santé financière. Depuis 2019, Jumia traîne un solde comptable négatif qu’elle s’efforce d’éponger. La fin de Jumia Food clôture une année au cours de laquelle l’entreprise a licencié 900 employés, soit 20 % de sa masse salariale.
Le groupe souhaite ainsi se recentrer sur ses activités de livraison de biens à domicile et son service de paiement en ligne JumiaPay, avec pour objectif de prioriser les opportunités et maximiser les retours sur investissement. Sur le créneau de la livraison de repas à domicile, Jumia Food était confrontée à des concurrents bien implantés dans les 11 pays où le groupe est présent. En Côte d’Ivoire, c’est avec Glovo et Yango, respectivement espagnol et russe, qu’elle se disputait les parts de marché.
Certains restaurateurs, pour ne pas dépendre de Jumia ou Glovo, ont par ailleurs mis en place leur propre service de distribution. C’est le cas d’un entrepreneur sénégalais qui requiert l’anonymat. Pour se libérer des grandes plateformes, il affirme avoir mis en place sa propre plateforme logistique, avec un site internet, une flotte de véhicules et des livreurs.