Pour Jawad Chami, le SIAM 2018 (Salon International de l’Agriculture au Maroc) a été un franc succès : «par la participation, les échanges, les opportunités d’investissements, la qualité des débats et des tables rondes, l’organisation,…», énumère fièrement le commissaire du Salon, relevant au passage un «taux de fidélisation des exposants qui dépasse les 85%», comme signe de l’attractivité du salon et sa maturité.
«Au fil des 13 éditions, le SIAM est devenu une plateforme encore plus essentielle qu’à l'accoutumée, un lieu d'échanges, de découvertes et de réfexions indispensables pour créer les conditions de nouvelles occasions d'affaires», dit-il, poursuivant: «le SIAM a ouvert une nouvelle ère d’opportunités pour beaucoup d’opérateurs marocains, notamment les coopératives qui réalisent 60% de leur chiffre d’affaires annuel durant l’événement, ou encore les opérateurs de machinisme qui y enregistrent quelque 30% de leurs ventes annuelles».
Une édition 2019 encore plus ambitieuseEncore plus ambitieux, le SIAM 2019 prévoit d’accueillir 1.500 exposants issus de 72 pays et table sur 1 million de visiteurs. Du 16 au 21 Avril 2019, le salon réunira une centaine d'environnements, soit autant de marchés fournisseurs correspondant aux secteurs agricole et agroalimentaire, des ressources animales et forestières. Au cours des six jours d’exposition, le salon organisera un cycle de 35 conférences et assurera plus de 300 mises en relation de haut niveau.
Axé autour de 10 pôles, le SIAM proposera un programme riche en termes de divertissements et d’animations, avec en vedette des concours des différentes races au pôle élevage, des shows et des activités culturelles dans la ville. La thématique, «L’agriculture, levier d’emploi et avenir du monde rural», s’inscrit dans le prolongement du discours de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, du 12 octobre 2018, qui incite à faire du secteur agricole «un pourvoyeur d’emplois plus performant et un instrument plus efficace pour assurer de meilleures conditions de vie et d’établissement en milieu rural».
La Suisse pays à l’honneur, vivement un pays africain !
Lors de la conférence, la présentation de la Suisse comme invité d’honneur a été l’occasion pour nous de demander à Jawad Chami : «pourquoi aucun pays africain n’a eu le privilège d’être l’invité de marque de l’une des 14 éditions?», alors même qu’il a présenté le SIAM comme désormais «le rendez-vous le plus important du continent africain en matière d’agriculture». Ce à quoi Chami a répondu que le SIAM est un jeune salon comparé à d’autres salons qui en sont à leur 50e ou 55e édition et que l’occasion viendra probablement pour mettre à l’honneur un pays du Continent.
Pour Massimo Baggi, ambassadeur de Suisse au Maroc, il choisi de commencer son intervention par un inventaire à la Prévert pour lister les stéréotypes des journalistes sur la Confédération helvétique : «Vaches, montres, tablettes de chocolat, couteaux-suisses…». Il a ensuite challengé la presse si elle savait que son pays était le 4e exportateur mondial de café sans en cultiver une seule graine. Faisant référence à la stratégie de valorisation sans faille de Nespresso qui, grâce au concept de capsules, a fait de la Suisse un géant du commerce mondial du café.
Une belle transition pour Massimo Baggi d’annoncer: «notre présence au SIAM est une occasion pour nous de poursuivre ce que nous faisons déjà au Maroc. Nous soutenons, par exemple, la filière de production d’huile argan avec toutes ses implications à l’international», ajoutant: «le salon sera également l’occasion de lancer de nouveaux partenariats et aussi de faire connaitre quelques spécificités de l’agriculture en Suisse».
Pour rappel, l’agriculture Suisse, tout en conservant son authenticité familiale, accorde une grande importance à la Recherche & Développement y compris en technologie de pointe (drones et robots) afin de rendre le secteur plus moderne et innovant dans le respect de l’environnement. La Suisse consacre ainsi plus de 18.5 CHF milliards annuels à la R&D, soit près de 3% de son PIB.
La Suisse se substitue à l’AngleterreAvant la Suisse, c’est l’Angleterre qui était désignée pays à l’honneur pour l’édition 2019. A notre question de savoir si le désistement était à l’initiative du Maroc ou de l’Angleterre, Chami a tenu à préciser : «déjà nous sommes contents aujourd’hui, comparé aux premières années, qu’il y ait embouteillage à la porte. On n’est pas encore sorti d’une édition pour qu’un certain nombre de pays, dans le cadre du réseautage, se prononcent intéressés pour être pays à l’honneur», dit-il.
Et d’ajoutant : «en général, le débat sur les pays retenus se fait par rapport à l’actualité, par rapport aux intérêts nationaux,… puis un pays est choisi, notamment aux niveaux des arcanes politiques et de l’Etat. C’était le cas pour l’Angleterre. Vous savez que l’actualité aujourd’hui (NDLR, Brexit qui négocie la sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne) fait que les partenaires, eux mêmes incertains, sont dans l’attente d’une vision plus précise. Nous sommes un partenaire d’excellence de l’Europe, dans ce sens où lorsqu’on cite le premier, deuxième ou troisième… pays avec lesquels nous avons des échanges, que ce soit agricoles ou autres, c’est principalement un des pays de l’Union Européenne», essaie-t-il d’expliquer. Au risque de tomber dans un autre cliché, le choix de la Suisse serait-il le choix du confort de la neutralité !!
