Malgré une demande soutenue et une offre abondante, le marché immobilier peine toujours à retrouver son dynamisme. En 2025, le secteur évolue dans un climat d’attentisme généralisé qui freine la concrétisation des transactions. Dans un entretien accordé au magazine Finances News Hebdo, Mohamed Lahlou, président de l’Union des agents immobiliers de la région Casablanca-Settat, indique que «cette situation paradoxale s’explique par une accumulation de facteurs conjoncturels et structurels. Toutefois, des perspectives plus favorables se dessinent à moyen terme, notamment grâce à une réforme attendue du cadre juridique du locatif».
Selon Mohamed Lahlou, le marché traverse une phase inhabituelle par son ampleur. «Même en présence d’une demande en forte croissance et d’une offre conséquente, les transactions ne suivent pas», constate-t-il. Acheteurs comme vendeurs préfèrent temporiser, dans l’espoir de conditions plus favorables. «Par le passé, nous avions vécu ce genre de scénario, mais pas de cette ampleur», précise-t-il, soulignant le caractère exceptionnel du blocage actuel.
Cette morosité n’épargne aucun segment de l’immobilier. Résidentiel, foncier ou autres catégories sont touchés par le même décalage entre les attentes des vendeurs et la capacité réelle des acheteurs. Mohamed Lahlou explique que l’euphorie observée ces dernières années, portée notamment par les projets d’infrastructures liés à la CAN 2025 et à la Coupe du monde 2030, s’est progressivement dissipée. «La situation revient petit à petit à la normale», affirme-t-il, tout en relevant que «plusieurs offres proposées sur le marché sont déconnectées de la réalité», ce qui accentue le déphasage entre l’offre et la demande.
Pour autant, les perspectives ne sont pas entièrement négatives, souligne Finances News. Si certains professionnels redoutent une correction à la baisse, Mohamed Lahlou se montre plus nuancé. «Tous les indices laissent présager des perspectives prometteuses», estime-t-il. Les récentes pluies, jugées bénéfiques pour l’économie, devraient soutenir la croissance et relancer la demande. Plusieurs secteurs stratégiques affichent déjà une dynamique positive, notamment le tourisme, l’automobile et l’agroalimentaire. À cela s’ajoutent des indicateurs jugés encourageants, comme les transferts des Marocains résidant à l’étranger et les investissements directs étrangers. «On prévoit que 2026 sera meilleure que 2025», anticipe-t-il.
Sur le plan fiscal, le président de l’Union des agents immobiliers reste prudent quant à l’efficacité des mesures existantes. Il cite en exemple la taxe sur les terrains non bâtis, qui «n’a pas donné les effets escomptés». L’objectif initial, qui consistait à lutter contre la rétention foncière et la spéculation, n’a pas été atteint. Or, rappelle-t-il, «le foncier peut représenter jusqu’à 60 % du coût d’un projet immobilier». Une meilleure mobilisation de ce levier permettrait, selon lui, d’augmenter l’offre et de réduire sensiblement les coûts de production.
Le segment du locatif apparaît, lui, comme l’un des principaux points de blocage du marché, lit-on dans Finances News. Lahlou explique que de nombreux propriétaires hésitent à mettre leurs biens en location par crainte d’un cadre juridique insuffisamment protecteur. «Ils estiment ne pas être assez protégés juridiquement en cas de refus ou de retard de paiement», souligne-t-il. Les procédures, jugées longues et coûteuses, poussent certains à préférer laisser leurs logements vacants plutôt que de s’exposer à un litige. Cette situation réduit l’offre locative et exerce une pression haussière sur les loyers.
Face à ce constat, Lahlou plaide pour une réforme en profondeur de la loi 80-14 relative au secteur locatif. «Il faut donner plus de garanties aux propriétaires et simplifier la procédure en cas de litige», insiste-t-il. Selon lui, l’introduction de dispositifs plus adaptés permettrait de redynamiser le locatif, en particulier dans les villes en forte croissance urbaine et démographique. Il se montre convaincu que cette réforme aurait un impact bien au-delà du seul marché locatif. «La réforme de la loi 80-14 devrait donner une nouvelle impulsion tant au locatif qu’à l’ensemble du secteur immobilier», affirme-t-il, estimant qu’elle encouragerait les promoteurs à investir dans ce créneau et contribuerait à rétablir des repères plus clairs sur l’ensemble du marché.






