Le Maroc doit relever un certain nombre de challenges pour devenir l’un des leaders dans la production d’hydrogène vert en Afrique. Et c’est à l’énumération de ces défis que s’attelle une étude de l’Institut marocain d’intelligence stratégique (IMIS), publiée ce lundi 4 septembre et intitulée «Hydrogène vert au Maroc: défis et opportunités pour le Royaume chérifien».
D’emblée, Ghalia Mokhtari et El Mahdi Karoum, les deux auteurs de l’étude, mettent en exergue le potentiel du Royaume en la matière, principalement grâce à ses ressources solaires et éoliennes, qui pourraient lui permettre d’être «un véritable leader des énergies renouvelables à la fois en Afrique du Nord et sur l’ensemble du continent africain». Et d’ajouter que «l’hydrogène vert une solution alternative pour le Maroc qui ambitionne de porter la part des énergies renouvelables à 52% dans son mix énergétique d’ici 2030, afin de réduire de 20% ses émissions de gaz à effet de serre».
Un contexte mondial favorable
Ce document de 19 pages évoque ainsi les grands projets annoncés dans ce secteur par des entreprises marocaines et internationales, notamment une usine d’électrolyseurs d’hydrogène, un complexe de production d’ammoniac vert, une station de dessalement de l’eau de mer et des centrales solaires et éoliennes développées par le groupe OCP dans les provinces du Sud.
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D’après les deux auteurs, l’hydrogène vert apparaît comme l’énergie du futur, dans un contexte de flambée des prix des combustibles depuis le déclenchement de la guerre entre la Russie, et où les réserves d’énergie fossiles diminuent plus rapidement que leur production.
Le faible coût des énergies renouvelables, qui contrastent avec le coût de plus en plus élevé des énergies fossiles, ainsi que les politiques de décarbonation, notamment en Europe, constituent autant d’opportunités pour le Maroc pour développer sa production.
À en croire l’étude, le développement de l’hydrogène vert, de par ses atouts économiques, sociaux et environnementaux, devrait permettre au Maroc «de passer d’une dépendance énergétique « grise » à une souveraineté énergétique verte et même exportatrice à l’horizon 2035».
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Pour tirer profit de la forte demande au niveau mondial de ce «pétrole du 21ème siècle», le Royaume doit résoudre quelques équations. D’abord, celle des coûts. En effet, la production d’hydrogène vert est environ dix fois plus coûteuse que celle du gaz naturel, et plus onéreuse que la production de l’hydrogène bleu. «Même si les coûts sont en baisse régulière, l’hydrogène vert est toujours deux à trois fois plus cher que l’hydrogène bleu, qui est produit à partir de combustibles fossiles», précise-t-elle.
Réduire les coûts…
D’après le rapport, le Maroc gagnerait à réduire de manière significative le coût de production pour faire de l’hydrogène vert une source alternative. «Pour ce faire, un soutien gouvernemental sera inévitable, à condition de démontrer les avantages que l’industrie de l’hydrogène pourrait apporter au public marocain», suggère-t-on. La convergence de la stratégie d’hydrogène vert avec la politique rénovée de gestion de l’eau est également préconisée.
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Ensuite, il s’agira de réserver les meilleurs sites, en matière de potentiel solaire et éolien, aux acteurs qui créeront le plus de valeur ajoutée sur les plans de la création d’emploi, du développement industriel et territorial, tout en privilégiant le secteur privé national.
«Le secteur privé national devra profiter de cette opportunité avant les géants pétroliers mondiaux qui investissent énormément dans ce domaine et qui disposent de fonds très importants du fait du renchérissement des cours», soutient-on.
… et mettre en place un régime réglementaire
Enfin, l’IMIS recommande la mise en place d’un régime réglementaire complet et spécifique qui traite des questions relatives à l’hydrogène, «compte tenu du fait que les installations de production d’hydrogène stockent, manipulent et traitent de grandes quantités dangereuses soumises à des exigences strictes en matière de sécurité, de rapports et de licences».
Parallèlement, l’institut suggère de «mettre en œuvre rapidement un dispositif de label ou de garantie d’origine renouvelable qui permette de caractériser l’hydrogène vert et son intérêt décarboné».