La rumeur circulait depuis quelques jours, elle semble aujourd’hui se confirmer. A en croire le site Maghreb Confidentiel, le groupe Saham aurait mandaté JP Morgan France pour coordonner l’opération de cession de Meden Healthcare, son pôle de santé.
Selon le média, le retrait de Saham peut surprendre, en raison des lourds investissements consentis et le «lobby» de son patron, Moulay Hafid Elalamy, pour se lancer dans ce créneau.
Le360 a contacté le groupe Saham dans le but de connaître les réelles motivations de cette opération, mais celui-ci n’a pas souhaité communiquer sur cette question et n'a ni confirmé ni infirmé l'information.
Cependant, à y regarder de plus près, si la cession était réalisée, elle ne serait pas une surprise.
Depuis qu’il a investi le secteur de la santé, avec notamment les trois cliniques et l'hôpital privé de Marrakech que gère Meden healthcare, le groupe Saham, et particulièrement son patron Moulay Hafid Elalamy, a souvent fait l’objet de critiques en raison du risque de conflit d’intérêt que cet investissement présente.
En étant à la fois assureur, propriétaire de cliniques et ministre –et donc collègue d’un ministre assurant la tutelle sur le secteur de la santé- Moulay Hafid Elalamy se retrouvait dans une situation susceptible de le laisser profiter de certains privilèges. De quoi braquer les projecteurs sur lui durant ces dernières années.
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Dans un premier temps, Moulay Hafid Elalamy a pris l’initiative de déléguer la gestion de son groupe, après sa nomination dans le gouvernement d’Abdelilah Benkirane, histoire de créer une rupture entre ses nouvelles fonctions officielles et ses affaires. Mais cela s'est avéré insuffisant et surtout il n'a pas convaincu grand monde.
En juin dernier, alors que Moulay Hafid Elalamy était reconduit dans le gouvernement d’El Othmani, Maghreb Confidentiel rapportait que le ministère de la Santé, à la tête duquel se trouvait alors El Houcine Louardi, avait confié à des auditeurs du groupe Saham la révision du manuel des accréditations hospitalières, une sorte de cahier des charges permettant aux établissements de santé, publics et privés, de faire reconnaître leur niveau de qualité, selon des normes précises.
Cette publication avait de nouveau jeté de l’huile sur le feu, d’aucun accusant Louardi de faire du favoritisme au profit de son collègue au gouvernement. Il aura fallu que le ministère de la Santé réagisse, une semaine plus tard, pour faire désenfler autant que faire se peut la polémique. Dans un communiqué publié le 13 juin, le ministère de la Santé avait ainsi expliqué qu’il n’existait «à ce jour, aucun référentiel d’accréditation destiné aux cliniques privées» et que l’adoption de n’importe quel référentiel était conditionnée par la création du Comité national d’évaluation et d’accréditation. Et au ministère d’ajouter que «les seuls travaux d’initiation à l’accréditation qui existent n’ont concerné que quelques hôpitaux publics d’expérimentation et ils ont été réalisés avec l’appui de l’Organisation mondiale de la santé (OMS)». Tous ces détails avaient, semble-t-il, pour principal objectif de blanchir le groupe Saham et son patron.
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Il y a quelques semaines à peine, Moulay Hafid Elalamy et son ancien collègue El Houcine Louardi s'étaient de nouveau retrouvés à la "Une" des journaux en raison d'un appartement, propriété de l'épouse de l'ancien ministre de la Santé, ayant été acquis auprès de la filiale immobilière de Saham. Un communiqué, diffusé cette fois-ci par le groupe d'Elalamy, a été publié dans l'espoir d'éteindre les accusations de corruption, en indiquant que l'épouse de Louardi avait acquis et payé son appartement dans les règles de l'art.
C'est dire que depuis son lancement dans le secteur de la santé, Moulay Hafid Elalamy fut souvent pointé du doigt. Aujourd’hui, si la cession du pôle santé se concrétise, elle soulagerait l'actuel ministre de l’Industrie, du commerce, de l’investissement et de l’économie numérique d’une importante source de critiques avec, en prime et sans nul doute, une belle plus-value en raison du potentiel du secteur privé de la santé au Maroc.