Lors de la déclaration gouvernementale 2012 et pour le volet habitat, le gouvernement Benkirane avait promis d'augmenter la cadence de la réalisation des logements sociaux et des logements destinés aux familles défavorisées. Il s'était également engagé à encourager l'auto-construction et à mettre en vente un nouveau produit d’habitat, d’une valeur ne dépassant pas 800.000 dirhams, destiné à la classe moyenne dans les grandes villes notamment. Un objectif atteint, selon Nabil Benabdellah, ministre de l'Habitat et de la politique de la ville, qui déclare à Le360 “Nous avons tenu nos engagements”. L'offre destinée à la classe moyenne a été intégré à la loi de finances comme promis, selon lui, mais cette offre n'est pas très intéressante pour les promoteurs immobiliers, qui ne bénéficient d'aucune exonération d'impôt. “C'est pour cette raison que nous aidons les promoteurs en mobilisant du foncier à prix raisonnable dans plusieurs villes du Royaume”, affirme Benabdellah.
"Un fiasco" selon Adil TchkitoUn point de vue rejeté par le député istiqlalien Adil Tchkito, qui estime que la politique gouvernementale dans le domaine de l'habitat est “un fiasco et n'a aucune chance de réussir sur le terrain pour différentes raisons”. Pour ce député, “les prix des logements destinés à la classe moyenne sont exorbitants en raison de l'appétit démesuré des promoteurs immobiliers”. A cela s'ajoute “le problème du noir, véritable obstacle pour les éventuels acquéreurs”.
Le gouvernement avait promis de réduire le déficit en logements à l’horizon 2016 à 400.000 unités contre 840.000 à l'époque du projet de loi de Finances 2012. A ce sujet, Nabil Benabdellah a déclaré que son département est parvenu a réduire le déficit de 840.000 à 600.000 unités, en assurant que le reste sera réalisé avant la fin du mandat gouvernemental. Le hic, d'après Adil Tchkito, est que ces réalisations ne s'accompagnent pas d'un suivi social. “Les habitants de ces logements passent souvent d'un espace ouvert et horizontal (kariane) à une structure verticale (immeuble) dans des endroits éloignés et tout à fait différents. Ce qui favorise d'autres dépenses et occasionne différents problèmes”.
Stratégie participativePour ce qui est de la lutte contre les bidonvilles, le gouvernement avait annoncé l’accélération du rythme de réalisation des projets “Villes sans bidonvilles” et la mise en place d’un nouveau cadre permettant leur intégration urbaine et sociale. Il était également question de résorption de l'habitat insalubre, de réhabilitation d'habitations menaçant ruine, et de revalorisation des médinas, ksour et du patrimoine architectural, en adoptant une stratégie participative impliquant les collectivités territoriales et les autorités locales, avec la contribution des habitants eux-mêmes.
Des promesses qui n'ont pas été entièrement tenues en raison de la complexité du problème des bidonvilles. Nabil Benabdellah reste néanmoins confiant, et souligne que son ministère a conclu des accords pour la réhabilitation de 22.000 habitations menaçant ruine sur les 43.000 recensées en 2012. Dans le même sens, le département de l'Habitat a apporté de gros financements pour les programmes de réhabilitation des médinas de Fès et de Casablanca.
11 MMDH pour 88 villesDes chiffres qui restent en-deça de ce qui a été fait lors du mandat du précédent gouvernement, selon Adil Tchkito qui estime que les chiffres du programme “Villes sans bidonvilles” ont connu une régression. D'autant plus que l'opération de relogement des occupants des habitations insalubres n'obéit pas à des conditions et à des critères qui permettent à ces personnes de vivre dans des conditions préservant leur dignité, estime-t-il.Pour le volet relatif à la politique de la ville, l'Exécutif avait promis d'adopter un choix stratégique à travers une politique publique participative visant à réduire la précarité et la marginalisation. A propos de cet engagement, Nabil Benabdellah a confié que 88 projets concernant 88 villes mobilisant 11 MMDH (rien que pour la part apportée par le ministère) donneront un coup de pouce à l'aménagement urbain de ces villes. Cet investissement pourrait être multiplié par dix durant les quatre prochaines années, selon le ministre de tutelle.