Gaz butane: près de 236 millions de bonbonnes de 12 kg consommées au Maroc en 2024

Une chaîne de production dans un centre emplisseur de gaz butane.

La consommation de gaz butane bat un nouveau record au Maroc. D’après le rapport sur la compensation annexé au Projet de Loi de Finances 2026, près de 236 millions de bonbonnes de 12 kg ont été utilisées en 2024. Les pics ont été enregistrés en janvier, avril et mai, chacun dépassant le seuil des 20 millions de bouteilles.

Le 23/10/2025 à 13h58

Malgré la réforme des subventions, la demande en gaz butane reste soutenue. Près de 236 millions de bonbonnes de 12 kg ont été consommées en 2024 à l’échelle du Royaume, contre 234,2 millions en 2023, soit une progression d’environ 0,77% (soit +1,8 million d’unités).

Selon le rapport sur la compensation annexé au Projet de Loi de Finances 2026, la consommation mensuelle de butane varie nettement selon les saisons et les besoins des ménages. Les mois de janvier, avril et mai affichent les plus hauts volumes, chacun au-delà de 20 millions de bonbonnes. À l’inverse, février, juin et août figurent parmi les plus faibles, avec respectivement 18,55 millions, 18,42 millions et 17,57 millions de bonbonnes.

Depuis la fin des années 1990, la consommation nationale de gaz butane a presque triplé, portée par la croissance démographique, l’urbanisation et la large accessibilité du produit. Le gaz butane reste un carburant indispensable pour la cuisson et le chauffage dans de nombreux foyers, ainsi que dans certains secteurs comme l’agriculture.

Subventions en recul, consommation en hausse

La consommation de ce carburant domestique continue d’augmenter, même si l’État réduit peu à peu son soutien. Autrefois bouclier contre la hausse des prix, la subvention s’amincit sous l’effet de la réforme en cours, de la baisse des cours internationaux et du recentrage du budget. L’objectif reste le même: mieux cibler les aides et libérer des ressources pour financer de nouveaux projets sociaux, comme la généralisation de la protection sociale.

Pour mémoire, la subvention publique demeure un levier majeur pour maintenir le prix du gaz butane à la portée des ménages. En 2024, elle s’est établie à 61 DH par bonbonne de 12 kg, contre 69 DH en 2023 (soit –8 DH, environ –11,6 %). En 2025, sur la période janvier–août, la subvention unitaire a poursuivi sa décrue: 64 DH en janvier, pic ponctuel à 70 DH en février, puis repli jusqu’à 42 DH en juillet.

La baisse des subventions se traduit aussi par une hausse progressive du prix de vente. En 2025, une bonbonne de 12 kg se vend à 50 dirhams, avec une augmentation de 10 dirhams déjà intégrée, tandis que la subvention couvre encore 46,39 dirhams sur le prix réel de 96 dirhams. Une dernière hausse est prévue pour 2026, portant le tarif à 70 dirhams par bonbonne, afin de réduire la pression sur la Caisse de compensation et de financer d’autres programmes sociaux.

L’Etat allège la pression sur son budget

Il convient également de souligner que la charge de compensation globale suit la même dynamique descendante. Entre janvier et août 2025, elle est passée de 1,353 milliard de dirhams à 816 millions, soit une diminution d’environ 40%.

Au total, la charge annuelle de compensation du gaz butane a reculé de 10%, passant de 16,7 milliards de dirhams à 15 milliards en 2024. Il faut savoir que depuis 2012, l’État a consacré 167,2 MMDH à la compensation du gaz butane, ce qui représente plus de 4% des dépenses publiques, un niveau très élevé comparé à d’autres pays comme l’Inde, l’Égypte ou la Tunisie.

Parallèlement, les importations nationales de gaz butane ont atteint 2,89 millions de tonnes en 2024, soit une hausse de 4,5% par rapport à 2023. Les États-Unis demeurent le principal fournisseur, représentant 77% des importations, contre 23% pour l’Europe.

Durant le premier semestre 2025, la part du gaz américain a oscillé entre 64% et 85%, avec un pic en février, tandis que les perturbations logistiques ont conduit à un léger renfort européen en mars. Le Maroc reste ainsi le premier client mondial du butane américain, représentant 12,3% des exportations totales des États-Unis, devant l’Indonésie, l’Égypte et l’Inde.

Par Najwa Targhi
Le 23/10/2025 à 13h58