S’exprimant en clôture du Forum économique Maroc-Espagne, ce mercredi 1er février 2023, le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, a rappelé les liens «enchevêtrés» qui lient les deux pays. Des liens d’abord symboliques: «Notre capitale économique, Casablanca, porte un nom espagnol. Votre capitale politique, Madrid, porte un nom arabe», a-t-il dit. Ensuite, et surtout, des liens renforcés par la présence de près de 90.000 Marocaine en terre ibérique.
Le chef de l’exécutif a souligné la richesse des échanges dynamiques et «sans cesse renouvelés» entre les deux pays, tout en évoquant les «moments d’incompréhension» qu’a connus cette relation. «Nous avons à chaque fois trouvé les voies et les moyens de les dépasser. Et il y a une chose dont on ne peut douter, c’est qu’au fil de l’histoire, nous avons compris que nous sommes plus forts ensemble», a-t-il précisé à l’occasion de ce forum économique organisé, en marge de la Réunion de haut niveau (RHN) Maroc-Espagne, à l’initiative de la CGEM, de la Confederación Española de Organizaciones Empresariales (CEOE) et du Conseil économique Maroc-Espagne (CEMAES).
Akhannouch a, par la suite, rendu hommage au gouvernement espagnol, qui «a eu le courage et du réalisme historique» à travers sa position concernant les provinces du Sud.
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Travailler «main dans la main»
Tout en rappelant le contexte international, marqué par «un désordre mondial, aggravé par une pandémie planétaire, le retour de la guerre en Europe et un réchauffement climatique», le chef du gouvernement a précisé que «la meilleure réponse à donner à ce désordre est de travailler main dans la main pour construire, ensemble, un avenir meilleur».
Pour lui, les relations entre le Maroc et l’Espagne sont «l’illustration de l’exemplarité à plusieurs niveaux». Il a relevé, sur le plan sécuritaire et de la lutte contre le terrorisme, l’intervention début janvier des forces spéciales marocaines et espagnoles dans une opération de démantèlement d’une cellule terroriste au Maroc et en Espagne, avant de rappeler la condamnation ferme par le Royaume de l’attaque terroriste contre deux églises à Algésiras.
Sans vouloir revenir sur l’effort fourni par le Maroc dans la régulation des flux migratoires et le respect des valeurs humanistes, Akhannouch a rappelé que juste en 2021, l’action du Maroc a empêché 63.000 tentatives d’immigration irrégulière et permis le démantèlement de 250 réseaux de trafiquants et de passeurs de migrants.
Sur le plan de l’énergie, le chef de l’exécutif a souligné que pendant 25 ans, le Gazoduc Maghreb-Europe a permis d’alimenter l’Espagne en gaz, en traversant le Maroc. «Face à la nouvelle donne géopolitique, nos deux pays ont montré l’ingéniosité et la flexibilité de leur collaboration, en maintenant l’outil disponible et en inversant le flux du gazoduc afin d’alimenter le Maroc en GNL via l’Espagne», a-t-il noté.
Des liens commerciaux solides
Dans la même ligne d’idées, Akhannouch a fait la lumière sur la «solidité» de la relation entre les deux pays qui s’alimente de la dynamique positive que connaissent leurs échanges commerciaux. «L’Espagne est aujourd’hui le premier partenaire commercial du Maroc, sur les importations comme les exportations. Le Maroc est le 3ème partenaire commercial de l’Espagne en dehors de l’Union européenne, après la Chine et les États-Unis et la 1ère destination des exportations espagnoles en Afrique et dans le monde arabe», a-t-il fait savoir.
Pour le chef du gouvernement, cette dynamique est en constante progression. «Nos échanges commerciaux ont atteint 17 milliards d’euros en 2021. Sur les 9 premiers mois de 2022, ils étaient en hausse de plus de 21%», a-t-il souligné, tout en précisant que la valeur de ces échanges commerciaux a augmenté de 8% par an en moyenne, et ils représentent désormais un cinquième des échanges du Maroc avec le reste du monde.
En se référant à la période d’avant la crise de la Covid-19, Akhannouch a noté que près de 700 entreprises à capitaux espagnols étaient implantées au Maroc. Aussi, depuis le territoire espagnol, plus de 20.000 entreprises espagnoles exportent des produits et services vers le Royaume. De plus, s’est-il félicité, «la nature de nos échanges s’enrichit et se diversifie».
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Il a expliqué, dans la même trame, que le stock d’investissements espagnols au Maroc progresse et que le stock d’investissements directs à l’étranger (IDE) positionne le voisin du nord comme le troisième investisseur étranger au Maroc. Et d’ajouter: «Sur ce terrain, la marge de progression demeure importante, que ce soit dans l’énergie, les transports, le tourisme ou l’industrie, notamment à l’aune du dispositif prévu par la nouvelle Charte de l’investissement».
Un partenariat au service du développement économique
«Il n’y a pas lieu de s’étonner qu’un partenariat fiable, fort, flexible, intelligent et multidimensionnel se traduise dans les faits par un développement économique», a dit Akhannouch, avant de dresser les grands traits du partenariat souhaité par le roi Mohammed VI, «celui d’un leadership au service du développement et de la paix dans (la) région méditerranéenne et, au-delà, d’un modèle d’entente et de prospérité partagée pour toutes les nations».
Tout en témoignant sa joie quant à la présence au Maroc du président du gouvernement espagnol, Pedro Sánchez, Akhannouch a précisé que l’échange téléphonique entre ce dernier et le roi Mohammed VI «augure de belles perspectives et d’orientations stratégiques», dont les fruits seront visibles dans les mois à venir, «en faisant avancer les relations, au bénéfice des deux pays».