Après avoir élargi à deux reprises la bande de fluctuation du dirham dans le cadre de la réforme du régime de change du Maroc, entamée en 2018, le passage à la prochaine étape n’est toujours pas à l’ordre du jour. Lors de sa présentation au Souverain du rapport annuel de la Banque centrale sur la situation économique monétaire et financière du Maroc au titre de l’exercice 2022, Abdellatif Jouahri a assuré que le passage aux phases ultérieures ne peut être envisagé dans la situation actuelle.
Pour le wali de Bank Al-Maghrib, le suivi régulier réalisé par la Banque centrale montre que la transition initiée en janvier 2018 se poursuit dans de bonnes conditions, avec un approfondissement marqué du marché et un recours accru aux instruments de couverture du risque de change.
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Le cours du dirham est resté ainsi à l’intérieur de la bande de fluctuation et les évaluations réalisées trimestriellement confirment que la valeur de la monnaie nationale demeure en ligne avec les fondamentaux de l’économie.
Tout en continuant à affiner le projet du cadre de ciblage d’inflation, Bank Al-Maghrib estime que le passage aux phases ultérieures ne peut être envisagé dans la situation actuelle et qu’il est plus judicieux d’attendre que l’incertitude entourant les perspectives économiques mondiales et nationales se dissipe, a insisté Abdellatif Jouahri.
Un dirham résilient
D’après le rapport de la Banque centrale, l’année 2022 a été marquée par une forte appréciation du dollar durant les neuf premiers mois, en raison notamment d’un rythme de resserrement monétaire rapide de la Réserve fédérale américaine. La parité euro/dollar est passée de 1,14 USD/euro au début de 2022 à 0,96 à fin septembre, son plus bas niveau depuis deux décennies, avant de s’inscrire en hausse pour terminer l’année à 1,07.
Outre cette évolution de la parité euro/dollar, la valeur de la monnaie nationale a été tirée tout au long de l’année par le solde des flux import/export. Ainsi, tout en continuant d’évoluer à l’intérieur de la bande de fluctuation de ±5%, le cours de référence MAD/USD est resté inférieur au cours induit par le panier durant les sept premiers mois de l’année avant de s’orienter vers la borne supérieure en raison d’une plus forte prédominance des flux d’importations.
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Toutefois, les évaluations trimestrielles ont indiqué que ces déviations étaient de nature conjoncturelle et que la valeur du dirham continuait d’être globalement en ligne avec les fondamentaux de l’économie nationale. Sur l’ensemble de l’année, le dirham est ressorti en dépréciation vis-à-vis du dollar américain de 11,5% en moyenne reflétant un effet marché de 5% et un effet panier de 6,6%. Par rapport à la monnaie européenne, le dirham a perdu 0,5%.
Dans le même sens, le dirham s’est déprécié de 1,3% vis-à-vis de la livre sterling, de 7,6% face au yuan chinois et de 15,5% contre le réal brésilien. En revanche, il a enregistré une appréciation de 68,3% contre la livre turque. Tenant compte de ces évolutions, le taux de change effectif ressort en baisse de 0,8% en termes nominaux et de 4% en termes réels, l’inflation domestique ayant été globalement inférieure à celle des pays partenaires et concurrents.
Pour rappel, le premier élargissement de la bande de fluctuation du dirham de 5% (+/- 2,5% de part et d’autre du cours central) a eu lieu le 15 janvier 2018. Le deuxième élargissement (+/- 5%) a été acté en mars 2020 pour faire face au choc externe qui se profilait à cause de la crise de la Covid-19.