Les députés l’ont fait. Il ne manque plus que les conseillers pour une adoption pleine du projet de loi 26.20 portant approbation du décret-loi relatif au dépassement du plafond des emprunts extérieurs. Concrètement, il s’agit d’accorder au gouvernement l’autorisation d’emprunter des sommes supérieures aux 31 milliards de dirhams permis par la loi de Finances en vigueur. Pour le ministre des finances, Mohamed Benchaâboun, Rabat jouit encore de la confiance des institutions financières internationales.
«Pour l’heure, nous n’avons pas encore fixé les niveaux des montants à mobiliser cette année. Cela est dû notamment aux difficultés d’évaluation précise de l’impact de la pandémie sur l’économie et, par conséquent, sur les réserves en devises», précise le ministre, cité par le quotidien L’Economiste dans son édition du 4 mai. En attendant, le Maroc a procédé à un tirage sur la Ligne de précaution et de liquidité (LPL) pour un montant de 3 milliards de dollars, mis à la disposition de Bank Al-Maghrib.
«Ce retrait n’interdit pas au Maroc de prendre une nouvelle LPL», tient à préciser le ministre. «Il a fait de même en utilisant les 275 millions de dollars de la Banque mondiale pour la gestion des risques de catastrophes», indique L’Economiste.
Le ministre a cependant tenu à rassurer les députés sur le volume de la dette extérieure, qui ne dépasse pas 20% de l’endettement du Trésor. Mais le recours à la dette est incontournable.
L’impact de la pandémie sur des pans entiers de l’économie se précise de plus en plus. Les exportations ont dégringolé de 50% en mars et de 80% au 23 avril dernier, notamment dans les industries de transformation et le textile. Les importations ont reculé de 16% en mars et de 43% en avril. Le tourisme et l’aérien sont presque à l’arrêt, les transferts des MRE ont baissé de 10% depuis le début de l’année. En avril, le tableau s’assombrit avec l’arrêt total de l’industrie automobile, même si ce secteur se prépare à reprendre ses activités au cours des jours à venir. L’aéronautique a, pour sa part, reculé de 80%. «Si le confinement dure encore, les choses vont se corser», affirme le quotidien.
Quid d’un report des échéances des dettes marocaines? Pour Mohamed Benchaâboun, «le rééchelonnement de la dette implique un recul dans le classement par pays et la perte de confiance de la communauté financière internationale. Pour cette dernière, le message est limpide: le pays traverse des difficultés financières». Dans ce cas, il vaut mieux prendre un nouveau crédit pour rembourser l’ancien plutôt que de demander un rééchelonnement de la dette, conseille-t-il.
Par ailleurs, Mohamed Benchaâboun a insisté sur le maintien du niveau des réserves en devises, «très important puisqu’il garantit la souveraineté du pays. C’est le risque le plus important». En plus, la baisse de ces réserves ne permettra pas au Maroc d’honorer ses engagements vis-à-vis de l’étranger. Il faudra qu’il puisse assurer la couverture de ses besoins, particulièrement l’importation des biens d’équipement, des produits alimentaires et énergétiques. «Cette situation vient de l’impact de la pandémie sur les secteurs pourvoyeurs de devises, particulièrement le tourisme, les investissements directs étrangers, l’export et les transferts des MRE», lit-on encore sur les colonnes de L'Economiste.