En tant que groupe bancaire leader, comment avez-vous accueilli l’adoption de la nouvelle Charte de l’investissement et quelle lecture en faites-vous ?
La nouvelle Charte de l’investissement vient à point nommé. En effet, le paysage économique actuel, subissant encore les impacts des perturbations induites par la crise sanitaire et par la conjoncture géopolitique, a besoin d’un nouvel élan, et c’est l’investissement qui est à même de créer ce nouveau souffle. Nous savons aussi que les investissements privés ne sont pas encore au niveau souhaité pour notre pays.
Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu L’Assiste, a appelé à l’élaboration d’une nouvelle charte compétitive visant à faciliter l’investissement et à encourager les initiatives privées, afin de porter la quote-part de ces dernières à deux tiers de l’effort national au lieu d’un tiers actuellement.
En tant qu’acteur bancaire, nous avons suivi de près tout le circuit ayant mené à l’adoption de la loi relative à la nouvelle Charte de l’investissement et nous saluons son lancement effectif. Ses apports seront indéniablement bénéfiques sur l’amélioration du climat des affaires, le développement des territoires et la création d’emplois.
Quelles sont concrètement les incitations prévues par la nouvelle Charte de l’investissement?
Comme je l’ai dit, il s’agit de faire passer la quotité des investissements privés à deux tiers à l’horizon 2035 contre un tiers actuellement par rapport aux investissements globaux. L’ambition est d’atteindre un volume de 550 milliards DH d’investissements en 2026, de créer plus de 500.000 emplois et de substituer une partie des importations par des produits fabriqués localement.
La nouvelle charte, quant à elle, en tant que levier de dynamisation des investissements, a pour objectifs fondamentaux la création d’emplois, la réduction des disparités territoriales en matière d’attraction des investissements, l’orientation des investissements vers certains secteurs à forte valeur, notamment l’export et les énergies vertes, ainsi que le développement des investissements directs étrangers (IDE) et des investissements des Marocains du Monde.
Le premier dispositif de la nouvelle charte s’adresse aux projets d’investissement dont le montant est supérieur ou égal à 50 millions DH et ceux créateurs d’emplois stables supérieurs ou égaux à 150 emplois.
Pour l’investisseur privé éligible, la charte apporte un soutien à l’acte d’investir pouvant atteindre 30% du montant global du projet selon plusieurs critères. Cette prime se compose de plusieurs couches. D’abord, des primes communes pouvant atteindre 22%: une Prime à l’emploi comprise entre 5% et 10%, une Prime liée au genre de 3%, une Prime pour les métiers d’avenir et de montée en gamme de 3%, une Prime à l’investissement durable de 3% et, enfin, une Prime d’intégration locale de 3%.
S’ajoutent aux primes communes une prime territoriale de 10% à 15% pour encourager l’investissement dans les provinces les moins favorisées et une prime sectorielle de 5% dédiée aux secteurs prioritaires, en l’occurrence le tourisme, l’industrie, les énergies renouvelables, le transport et la logistique.
D’autres dispositifs suivront pour accompagner les projets stratégiques, le développement des entreprises marocaines à l’international et les TPME.
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La nouvelle charte apporte une réforme en matière d’encouragement de l’investissement privé. Quels sont les moyens mis en place par AWB pour accompagner cela?
En tant que premier financeur de l’économie et leader dans tous les mécanismes de soutien étatique, nous accompagnons les grands groupes et les TPME dans la concrétisation de leurs projets d’investissement en mettant à leur disposition des solutions de financement adaptées, ainsi que notre expertise en matière de conseil, de montage de projet et de montage de dossier de financement. Cet accompagnement est proposé aussi bien localement qu’à l’international grâce à notre présence panafricaine et notre connaissance fine des pays de présence du Groupe.
«Nous entamons dès le 28 février une tournée régionale d’information et d’échange avec les acteurs privés couvrant Rabat, Fès, Casablanca, Oujda, Laâyoune, Marrakech, Agadir, Tanger et d’autres villes.»
Par ailleurs, notre banque, à travers son large réseau commercial couvrant tous les territoires du Royaume, s’inscrit pleinement dans la nouvelle dimension régionale de la charte afin d’apporter un accompagnement de proximité. Aujourd’hui, l’ensemble de nos collaborateurs sont formés et sensibilisés aux dispositifs de cette charte en vue d’assurer une proactivité dans nos échanges avec les investisseurs et une prise en charge de qualité de leurs demandes.
De plus, pour promouvoir les dispositifs de la nouvelle Charte de l’investissement, nous entamons dès le 28 février une tournée régionale d’information et d’échange avec les acteurs privés couvrant Rabat, Fès, Casablanca, Oujda, Laâyoune, Marrakech, Agadir, Tanger et d’autres villes.
D’autre part, en réponse à l’appel Royal relatif à l’accompagnement des Marocains du Monde, nous avons mis en place un parcours dédié de services financiers et non financiers pour soutenir leurs projets de création ou de développement d’entreprises et d’investissement au Maroc.
Je souhaite souligner également que l’activation du Fonds Mohammed VI sera aussi une nouvelle source de diversification des dispositifs de financement des projets d’investissement structurants ou de renforcement des fonds propres des entreprises, en ligne avec la stratégie de promotion de l’investissement productif et créateur de croissance économique pour notre pays.
Le tissu économique est composé à 98% de TPME. Comment votre banque accompagne-t-elle ces entreprises pour encourager l’acte d’investir et d’entreprendre?
Le mécanisme de soutien dédié aux TPME prévu par la nouvelle Charte de l’investissement verra le jour avant la fin de l’année. Si on y ajoute le projet de loi sur les délais de paiement et tous les mécanismes déjà existants comme les garanties étatiques, les solutions de co-financement et les programmes d’appui à tous les types d’investissement (de croissance, technologique, vert…), nous aurons un dispositif complet de soutien aux TPE et PME.
«L’activation du Fonds Mohammed VI sera aussi une nouvelle source de diversification des dispositifs de financement des projets d’investissement structurants ou de renforcement des fonds propres des entreprises.»
Chez Attijariwafa bank, nous avons été précurseurs dans l’accompagnement des TPME en mettant notamment en place des dispositifs non financiers à vocation informationnelle et relationnelle personnalisés et adaptés par profil d’entreprise. Ces services d’accompagnement sont axés sur le conseil et l’information, la sensibilisation et la formation, et enfin, la mise en relation avec des experts internes et externes et des partenaires potentiels. Ils sont accessibles via notre réseau Dar Al Moukawil, nos Centres Entreprises et en ligne via nos plateformes daralmoukawil.com et attijarientreprises.com.