Entreprises publiques: de la perfusion à la performance

Logo de l'Office national des aéroports (ONDA), une entreprise publique du Royaume. . DR

Revue de presseAprès une décennie marquée par des plans de sauvetage et des injections d’urgence, le financement public des entreprises d’État s’inscrit désormais dans une stratégie de modernisation et de développement. En 2024, plus de 61 milliards de dirhams ont été mobilisés pour accompagner des projets structurants, de l’énergie aux transports, en passant par les infrastructures liées à la Coupe du monde 2030. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Les Inspirations Éco.

Le 19/11/2025 à 19h00

Le Maroc de 2025 semble avoir tourné la page d’une époque où la survie de certaines entreprises publiques nécessitait la mise en place en urgence d’une task-force interministérielle. À l’époque, l’enjeu consistait surtout à trouver des financements pour maintenir en vie des établissements exsangues, dépendants des perfusions budgétaires de l’État. Aujourd’hui, la logique a profondément changé. Les transferts de fonds opérés par l’État au profit des entreprises publiques s’inscrivent désormais dans une stratégie d’investissement et de modernisation à long terme, accompagnant les grands chantiers d’infrastructures du pays, relève le quotidien Les Inspirations Éco. Dans quelques cas seulement, ces appuis servent encore à compenser les obligations de service public auxquelles ces entreprises sont soumises ou à renforcer leur résilience face à des chocs extérieurs.

En 2024, les entreprises dont l’État est actionnaire ont ainsi bénéficié de 61,12 milliards de dirhams, a-t-on lu dans Les Inspirations Éco. Environ 27% de ce montant ont été orientés vers des entités à caractère marchand. Sur la période 2015-2024, ces transferts ont connu une progression soutenue, avec un taux de croissance annuel moyen de 9,84%. Selon le ministère des Finances, cette hausse s’explique par l’attribution de nouvelles missions d’intérêt général aux établissements publics, particulièrement ceux qui n’opèrent pas sur un marché concurrentiel, ainsi que par la création de nouvelles structures chargées de mettre en œuvre, sur les plans sectoriel ou territorial, diverses politiques publiques.

L’appui étatique prend plusieurs formes. Les subventions d’équipement et de fonctionnement ont fortement augmenté, portées notamment par l’accélération de projets d’infrastructures majeurs, dont certains liés à la préparation de la Coupe du monde 2030. L’État peut également intervenir en renforçant les fonds propres des entreprises, une manière de garantir la continuité du service public. Ces deux dernières années, les principales augmentations de capital ont bénéficié à l’Office national de l’électricité et de l’eau potable, qui a reçu 4 milliards de dirhams en 2023 après une injection de 5 milliards l’année précédente. L’Office national des chemins de fer a obtenu 2 milliards, Royal Air Maroc 1,5 milliard et Crédit Agricole du Maroc un milliard, énumère Les Inspirations Éco. La Société marocaine d’ingénierie touristique a, pour sa part, reçu des fonds dans le cadre du programme Forsa ainsi que pour appuyer le développement touristique. En parallèle, l’État peut aussi garantir les emprunts contractés par ses entreprises, renforçant ainsi leur capacité d’accès au financement.

Afin d’encourager les entreprises publiques à investir, l’État a également revu sa politique de collecte des dividendes. L’objectif est de laisser davantage de marges de manœuvre aux établissements stratégiques en tenant compte de leur situation financière, de leur niveau d’endettement ou encore de leur capacité à distribuer des dividendes. Cette évolution vise à consolider leur rôle dans la mise en œuvre des stratégies nationales. Les montants transférés servent ainsi à soutenir les plans d’investissement, à compenser certaines charges liées aux obligations de service public ou à sécuriser la stabilité financière d’acteurs stratégiques touchés par des chocs externes.

Sans ce soutien, certains projets structurants auraient été difficiles à engager. L’ONEE, par exemple, ne pourrait mener à bien son plan d’équipement 2025-2030, estimé à 72,3 milliards de dirhams. L’ONCF, de son côté, s’apprête à lancer les travaux de la future ligne à grande vitesse entre Kénitra et Marrakech, un projet colossal chiffré à 96 milliards de dirhams, qui s’inscrit dans une modernisation profonde du réseau ferroviaire national. La Société des autoroutes du Maroc prépare, elle aussi, un vaste programme d’extension et de mise à niveau, évalué à 16,9 milliards de dirhams, dont le financement devrait être en partie sécurisé grâce à un protocole conclu avec l’État en 2025. Quant à l’Office national des aéroports, devenu société anonyme, il mise sur sa bonne signature financière pour mobiliser les 38 milliards nécessaires à la modernisation des plateformes qui accueilleront une partie des flux liés à la Coupe du monde.

Par La Rédaction
Le 19/11/2025 à 19h00