Le Maroc se distingue comme l’un des pays les plus attractifs pour les investissements étrangers dans les énergies vertes, notamment dans les filières solaire et éolienne, comme le souligne le dernier rapport sectoriel de la Société arabe pour la garantie des investissements et du crédit à l’exportation (Daman) intitulé «L’électricité et les énergies renouvelables dans les pays arabes».
Sur la période 2003-2024, le Maroc s’est imposé comme la deuxième destination arabe en termes d’investissements directs étrangers (IDE) dans les énergies renouvelables, avec plus de 38,1 milliards de dollars investis. Ces capitaux ont permis le lancement de 55 projets portés par 32 entreprises, générant 12.267 emplois, soit 15% des emplois créés dans le secteur à l’échelle régionale.
Dans l’éolien, le Royaume domine largement la région, représentant 42% de la production arabe. Des projets emblématiques comme le complexe solaire Noor à Ouarzazate ou les parcs éoliens de Tarfaya et Midelt illustrent la capacité du pays à attirer des investissements de grande envergure.
Performances à l’export
Le rapport Daman met également en avant la place du Maroc dans le commerce extérieur lié au secteur de l’électricité. En 2024, 81% du commerce arabe des équipements de production d’électricité se concentre dans cinq pays: Émirats arabes unis, Arabie saoudite, Irak, Qatar et Maroc. Les Émirats dominent ce marché avec 4,5 milliards de dollars d’exportations, soit 60% du total, suivis de l’Arabie saoudite.
Le Maroc figure, quant à lui, parmi les principaux exportateurs d’électricité, avec 30,2 millions de dollars, soit 20,7% du total arabe. Du côté des importations, 82% des achats arabes d’électricité et d’équipements se concentrent également dans cinq pays, dont le Maroc, qui occupe la troisième place avec 2,8 milliards de dollars (9%). Cette place dans les échanges régionaux confirme l’intégration croissante du pays dans les chaînes de valeur énergétiques arabes.
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La stratégie énergétique nationale, qui vise à porter la part des renouvelables à plus de 52% du mix électrique d’ici 2030, constitue un moteur essentiel de cette attractivité. Les chiffres prévisionnels pour 2025 démontrent que le Maroc est bien parti pour atteindre cet objectif, porté par un cadre réglementaire stable et une position géographique stratégique.
La production électrique nationale devrait atteindre cette année 43,1 térawattheure (TWh), dont 28,7 TWh issus du thermique (66,6%), 9,7 TWh de l’éolien (22,51%), 3,7 TWh du solaire (8,59%) et 1,2 TWh de l’hydraulique (2,78%), selon le rapport.
Les énergies renouvelables représentent ainsi près d’un tiers du mix électrique. Ce dynamisme renforce l’image du pays comme laboratoire régional de la transition énergétique et confirme qu’il occupe une place importante sur la carte mondiale des énergies renouvelables.
Les défis technologiques du solaire
Ce constat est relevé par le dernier rapport de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA) et de Climate Policy Initiative (CPI). Le Royaume s’est notamment distingué par des projets d’envergure, comme le complexe solaire Noor Ouarzazate, symbole mondial du solaire thermodynamique (CSP).
Cependant, ce parc solaire a été marqué en 2024 par des pannes techniques répétées ayant entraîné un arrêt de neuf mois. Les pertes financières sont estimées à 47 millions de dollars. Ces incidents mettent en lumière les difficultés intrinsèques du CSP, une technologie exigeante en maintenance et coûteuse en exploitation. Selon les experts, cette situation souligne la nécessité d’adapter les choix technologiques pour renforcer la résilience du système énergétique.
Face à ces difficultés, le Maroc réoriente progressivement sa stratégie solaire, relève le rapport. Le projet Noor Midelt I, initialement conçu comme une centrale hybride CSP-PV, illustre-t-il, a été reconfiguré pour privilégier le photovoltaïque, couplé à des systèmes de stockage par batteries.
Les phases Noor Midelt 2 et 3 suivent la même logique: elles ont été entièrement attribuées sous forme de projets PV avec stockage, marquant un tournant technologique pour le pays. Le rapport IRENA-CPI note que le CSP souffre de coûts d’investissement élevés, de délais de construction plus longs et d’un recul du soutien politique au niveau mondial. En 2024, les investissements internationaux dans cette technologie ont chuté de 32%, une tendance à laquelle le Maroc n’échappe pas.
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Le rapport rappelle également que les fonds climatiques multilatéraux et les banques de développement ont joué un rôle crucial dans le financement des grands projets solaires marocains. Les institutions européennes, en particulier, ont largement contribué au soutien financier des programmes en cours.
Cette mobilisation internationale a permis au Maroc de conserver une dynamique soutenue dans la mise en œuvre de projets PV d’envergure. Cependant, les auteurs du rapport soulignent que les nouveaux choix technologiques exigent une adaptation des mécanismes de financement. La transition vers un modèle solaire dominé par le photovoltaïque et le stockage nécessite en effet un cadre financier renouvelé et plus flexible.
Malgré les défis rencontrés, le Maroc demeure un acteur clé de la transition énergétique à l’échelle régionale. Le Royaume mise désormais sur une diversification accrue de son mix, avec une montée en puissance de l’éolien et du solaire PV.







