Les énergies renouvelables confirment, année après année, leur suprématie sur les marchés mondiaux de l’électricité. C’est ce que révèle le dernier rapport de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (Irena) intitulé «Coûts de production de l’électricité renouvelable en 2024», relayé par le quotidien L’Économiste dans son édition du jeudi 24 juillet. Grâce aux progrès technologiques, à des chaînes d’approvisionnement de plus en plus compétitives et à des économies d’échelle, les EnR restent nettement plus abordables que les énergies fossiles.
Au-delà de leur compétitivité en termes de coût, ces énergies propres renforcent la sécurité énergétique des pays en réduisant leur dépendance aux importations de combustibles. Et le Maroc s’inscrit pleinement dans cette dynamique. Selon l’Irena, le Royaume a enregistré une baisse significative de ses coûts totaux moyens pondérés d’installation dans les renouvelables, notamment dans le solaire photovoltaïque et l’éolien terrestre. Une performance qui ouvre la voie à de nouvelles opportunités pour consolider sa souveraineté énergétique.
Si cette tendance est encourageante, le rapport pointe toutefois plusieurs obstacles qui pourraient freiner l’essor des EnR, notamment dans les marchés émergents comme le Maroc. Les coûts dits «d’intégration» risquent en effet d’augmenter. On note retards liés aux capacités limitées des réseaux, lourdeurs administratives, chaînes d’approvisionnement locales encore coûteuses… Autant de freins qu’il devient urgent de lever.
«Pour maintenir son élan, le Maroc doit investir massivement dans la modernisation de ses réseaux électriques et infrastructures numériques», lit-on. L’Irena insiste sur l’importance de cadres de revenus stables et de mécanismes de financement plus avantageux pour attirer les investisseurs et garantir un mix énergétique durable.
Car le coût du capital reste un talon d’Achille majeur, souligne le quotidien. En 2024, il s’élevait en moyenne à 12% en Afrique, contre seulement 3,8% en Europe. Une différence qui alourdit considérablement le coût actualisé de l’électricité renouvelable au Maroc, rendant les projets plus difficiles à financer.
Pourtant, le Royaume affiche une stratégie bas carbone parmi les plus ambitieuses de la région MENA: 52% d’énergies renouvelables dans le mix électrique et 20% d’amélioration de l’efficacité énergétique à l’horizon 2030, avec une décarbonation quasi totale du secteur électrique d’ici 2050 (96% d’EnR).
«L’Irena reste optimiste», écrit L’Économiste. Grâce à son fort potentiel en énergies renouvelables et à un «taux d’apprentissage» élevé, le Maroc pourrait encore abaisser ses coûts dans les années à venir. L’essor du stockage par batterie et l’intégration de l’intelligence artificielle pour optimiser la gestion des réseaux figurent parmi les leviers à exploiter pour améliorer la rentabilité et la flexibilité du système énergétique national.
À l’échelle mondiale, la dynamique reste solide. En 2024, le solaire photovoltaïque s’est avéré en moyenne 41% moins cher que les solutions fossiles les plus compétitives, tandis que l’éolien terrestre l’était de 53%. L’ajout de 582 GW de capacités renouvelables a permis d’éviter l’achat de combustibles fossiles d’une valeur estimée à 57 milliards de dollars. Un chiffre d’autant plus marquant que 91% des nouveaux projets renouvelables lancés en 2024 affichaient des coûts inférieurs à ceux des alternatives fossiles. Mais l’équation reste fragile. Droits de douane, pénuries de matières premières et reconfigurations industrielles, notamment en Chine, pourraient ralentir la baisse des coûts à court terme.







