Dans un contexte international incertain, le Maroc affiche une trajectoire économique qu’assume pleinement Nadia Fettah. Dans un entretien accordé à Finances News Hebdo, la ministre de l’Économie et des Finances détaille une dynamique de croissance, un pilotage rigoureux des finances publiques et une modernisation accélérée des marchés de capitaux. «L’économie marocaine se porte bien», affirme d’entrée Nadia Fettah, balayant les doutes sur la conjoncture. «Pendant longtemps, on a parlé de résilience. Aujourd’hui, nous sommes dans une phase plus avancée: celle d’une économie dynamique», souligne-t-elle, prévoyant une croissance au-delà de 4% pour 2025.
Pour expliquer ce regain, la ministre insiste sur «la diversification sectorielle voulue par le roi Mohammed VI» et la place du Royaume dans les chaînes de valeur mondiales. «L’ambition affirmée et la confiance qu’inspire notre pays sont autant de facteurs de stabilité», martèle-t-elle. Ces leviers permettent au Maroc de maintenir ses réformes structurelles et d’attirer les investissements, même en période de turbulences internationales.
Autre signal fort, le Maroc parvient à conjuguer investissements publics massifs et maîtrise des équilibres budgétaires. «C’est un choix assumé: bâtir l’État social tout en stimulant la croissance», précise Nadia Fettah. Pour elle, les dépenses sociales «sont un investissement dans le capital humain», tandis que les grands projets, à l’image de Tanger Med ou Nador West Med, «sont pensés pour être productifs et créateurs d’emplois locaux». Un modèle rendu possible par des recettes fiscales dynamiques, tirées d’une réforme «bien séquencée» de l’IS, de la TVA et de l’IR. «Nous élargissons l’assiette et mobilisons mieux les contribuables», note la ministre.
Sur le financement de cette dynamique, Nadia Fettah revendique «une stratégie claire: un système bancaire solide, adossé à des marchés de capitaux en plein essor». «Les encours sous gestion des OPCVM frôlent déjà 780 milliards de dirhams. Nous finalisons une nouvelle loi pour les aligner sur les standards internationaux», détaille-t-elle. Dans cette logique, de nouveaux outils fleurissent. Selon la ministre, «les OPCI suscitent un fort engouement et les OPCC devraient suivre, notamment grâce au Fonds Mohammed VI pour l’investissement».
Quant à la Bourse de Casablanca, elle «joue un rôle croissant et les entreprises reviennent sur le marché pour des levées secondaires, preuve de maturité», assure la ministre. Pour inclure l’épargne populaire, «il faut offrir aux citoyens des produits adaptés à leur profil», souligne Fettah.
Sur la délicate question des privatisations, Nadia Fettah clarifie: «Il ne faut pas réduire la réforme des établissements publics à la seule privatisation. Le Maroc s’est doté d’une politique actionnariale claire et rare à l’international». Selon elle, céder une entreprise publique «n’a de sens que lorsqu’il n’y a plus de pertinence à rester actionnaire». L’introduction en Bourse n’est donc «qu’une option parmi d’autres». Titrisation, émissions obligataires ou véhicules d’investissement comme les OPCI complètent désormais la panoplie.
Les indicateurs confirment cette dynamique. Selon les dernières prévisions, la croissance devrait atteindre 4,4% au troisième trimestre 2025, malgré un ralentissement mondial. Les tensions inflationnistes restent contenues (1,1% prévu). Et les marchés financiers, eux, continuent de porter la reprise: le MASI bondit de 37,6% sur un an, la capitalisation boursière s’envole de près de 39% et la liquidité s’améliore.
Dans ce climat, Nadia Fettah Alaoui assume le cap: «Nous avançons sur tous les fronts. Notre objectif est clair : asseoir une économie robuste, inclusive et résolument tournée vers l’investissement».








