Diapo. La Fondation Attijariwafa bank honore Mohamed Berrada et les pionniers de l’industrie marocaine

DiaporamaL’espace Actua de la Fondation Attijariwafa bank a réuni du beau monde lors de la présentation du dernier ouvrage de Mohamed Ghali Berrada : «Les entrepreneurs marocains des années 60 : une élite de transition». Un ouvrage qui paraît à un moment où l'entrepreneuriat est au coeur des débats.

Le 12/12/2015 à 22h30

Le360

La sortie d’un livre est un événement. Celle d’un éminent Professeur d’économie, ancien ministre de l’Economie et des finances, diplomate (Ambassadeurs du Maroc en rance) et grands commis de l’Etat (PDG de la RAM et de l’OCP) donne une autre saveur à l’évènement.

Et c’est l’espace Actua de la Fondation Attijariwafa bank qui a accueilli cet important événement. Et c’est devant 250 invités, issus majoritairement du monde des affaires, d’universitaires, de la société civile et des médias, que le Professeur Mohamed Ghali Berrada a présenté son ouvrage : «Les entrepreneurs marocains des années 60 : une élite de transition».

Ce fut surtout un cours magistral sur les pionniers de l’entreprenariat marocain, la transition entrepreneuriale et l’évolution de l’économie marocaine au cours de ces dernières années que le Professeur a offert à l’assistance studieuse. Il a expliqué que cet ouvrage est un «témoignage historique de ces vrais guerriers des années 60 portées par des valeurs authentiques : sens du travail, sens du patriotisme et respect des engagements».

Dans cet ouvrage de 425 p (hors bibliographie et annexes), préfacé par Edgar Morin, fruit d’une enquête minutieuse auprès de 37 industriels menée entre 1966 et 1968 et qui a donné lieu à la thèse de doctorat d’état du Professeur en 1968, l’auteur analyse les origines socio-économiques des ces entrepreneurs (fassis, berbères, etc.), leurs comportements, leurs motivations, leurs rôles dans la transformations de la société, les investissements qu’ils ont réalisé, leur mode de financement, leurs forces et faiblesse, etc.

Le flair des pionniers

Ainsi, parlant des entrepreneurs fassis, sans aucun risque de se tromper, il avance que «l’entrepreneur fassi est caractérisé par un idéal relativement élevé. L’accomplissement personnel lui a été inculqué à l’école, par des percepts religieux, dans sa famille et dans la société par des percepts moraux et sociaux». Il explique aussi que l’une des caractéristiques des anciens entrepreneurs, «c’est leur flair».

Il faut reconnaître que ces capitaines de l’industrie marocaine naissante n’avaient pas besoin des théories schumpetériennes sur l’entrepreneuriat, ni les stratégies de management des grandes écoles pour réussir et fructifier leurs affaires. Ils avaient un sens des affaires et un flair exceptionnel.

L’environnement

Seulement, les temps ont changé. Une nouvelle élite est certes apparue mais le Maroc manque d’entrepreneurs et la relève de certains entrepreneurs traditionnels a été un échec. Pour le Professeur, «on ne nait pas entrepreneur, mais on peut le devenir». Mais tout le monde ne devient pas entrepreneur. De nombreux héritiers des industriels des années 60 ont échoué. L’échec des héritiers relève en partie d’un déficit en matière de formation dans un environnement différent de celui de leurs parents.

Les environnements ayant changé, il souligne le rôle primordial qu’offre l’éducation dans la formation des nouvelles élites d’entrepreneurs d’aujourd’hui et de demain. Et dans ce cadre, il met l’accent sur la formation, «particulièrement sur le préscolaire sachant que c’est entre l’âge de 3 et 5 ans que se développe 90% de l’intelligence d’une personne». Il avance aussi que «le comportement de ces entrepreneurs était dicté par le milieu dans lequel ils vivaient». Et aujourd’hui, encore explique Berrada, «on ne peut pas séparer l’entrepreneur de son environnement». Or, celui-ci est devenu complexe et mondial.

L’autre écueil est culturel et relève surtout des clichés qui n’encouragent pas l’entrepreneur en ce sens que «s’il réussi on le taxe de voleur et s’il échoue d’incapable».

Protectionnisme, une nécessité

Par ailleurs, actualité économique oblige, le conférencier est revenu sur les menaces qui pèsent sur le tissu industriel national, dont certains pans ont été l’œuvre des entrepreneurs des années 60, à cause de la forte concurrence des importations. Partant, il souligne que même les chantres du libéralisme, les Etats-Unis, recourent au protectionnisme à chaque fois qu’une partie de leur industrie est menacée, et qu’il est du devoir de l’Etat de protéger le tissu industriel local tout en reconnaissant qu’une partie de celui-ci est voué inéluctablement à disparaître.

Enfin, il faut rappeler que cette cérémonie a été marquée par l’allocution de Mohamed El Kettani, PDG du groupe Attijariwafa bank, qui, dans son mot de bienvenue a souligné la place centrale de la problématique de l’entreprenariat au Maroc et qui constitue un des piliers majeurs du projet RSE de l’actionnaire de référence du groupe, la SNI.

Parlant de l’ouvrage du Pr Mohamed Ghali Berrada, il a souligné qu’ il est en effet important de rappeler aux nouvelles générations d’entrepreneurs, tous les efforts consentis par leurs ainés pour jeter les bases d’une industrie moderne». Il a aussi fait part de sa conviction que «le Maroc de demain se construit avec les entrepreneurs d’aujourd’hui», et qu’«il est important de rappeler aux nouvelles générations d’entrepreneurs, tous les efforts consentis par leurs ainés pour jeter les bases d’une industrie moderne».

Par Moussa Diop
Le 12/12/2015 à 22h30