Abdellatif Jouahri, Gouverneur de Bank Al-Maghrib, a récemment révélé que le Royaume du Maroc travaillait «activement sur un projet de loi destiné à encadrer les cryptoactifs, une initiative qui s’appuie sur la coopération des parties prenantes locales et internationales, notamment la Banque mondiale». rappelle le magazine Challenge, en analysant cette initiative.
Citant Abdelmalek Benabdeljalil, Vice-Président de BMCE Capital, l’hebdomadaire indique que les propos de Abdellatif Jouahri signalent une dynamique ambitieuse: «non une simple adhésion aux cryptomonnaies, mais une adaptation des systèmes traditionnels via la ‘tokenisation’, le concept-clé au cœur des transformations numériques des monnaies».
Il s’agit de s’approprier certains de leurs attributs-clés, en particulier la tokenisation, processus permettant de numériser des monnaies classiques comme le dirham (MAD), tout en préservant le contrôle institutionnel.
Ces monnaies virtuelles pourraient ensuite être utilisées dans des systèmes de paiement numérique, sans dépendre des cryptomonnaies décentralisées.
«Les banques centrales s’intéressent aux cryptomonnaies car, à travers elles, elles veulent trouver un moyen de numériser leurs monnaies», explique Abdelmalek Benabdeljalil.
Dans ce contexte, la tokenisation permettrait aux Institutions bancaires de moderniser leurs infrastructures, tout en évitant les risques associés aux cryptomonnaies non régulées, telles que leur volatilité, et le manque de supervision qui en découle.
Les cryptomonnaies ne peuvent pas, en effet, être régulées, d’autant qu’elles sont souvent associées à des risques de blanchiment d’argent et de financement d’activités illégales.
Les cryptomonnaies, dont la valeur est, par conséquent, très volatile, se caractérisent par l’absence d’un contrôle centralisé, échappant aux mécanismes traditionnels des politiques monétaires des États-parties.
Comme l’explique Abdelmalek Benabdeljalil, «la tokenisation consiste à transformer une monnaie fiduciaire en un jeton numérique, qui peut être utilisé dans des environnements numériques sécurisés. Contrairement à des cryptomonnaies comme le Bitcoin ou l’Ethereum, ces jetons numériques restent sous le contrôle de l’autorité émettrice (généralement une banque centrale)», écrit-on encore.
Cette technologie présente des avantages: la modernisation de systèmes monétaires par la facilitation de transactions rapides, sûres et peu coûteuses, l’inclusion financière en donnant accès à des services financiers à des populations non bancarisées, la stabilité de monnaies qui bénéficient d’une régulation institutionnelle, et l’interopérabilité avec des technologies émergentes.