Conseil de Bank Al-Maghrib: les explications et révélations de Abdellatif Jouahri

Abdellatif Jouahri, wali de Bank Al-Maghrib

Abdellatif Jouahri, wali de Bank Al-Maghrib, est revenu, à l’issue de la réunion du conseil de la banque, tenue mardi 19 mars à Rabat, sur plusieurs sujets d’actualité et chantiers en cours. Voici les principaux points à retenir.

Le 20/03/2024 à 15h02

Lors de la conférence de presse qui a fait suite à la tenue de la première réunion trimestrielle du Conseil de Bank Al-Maghrib (BAM) au titre de l’année 2024, le wali de la banque, Abdellatif Jouahri est amené à aborder différentes questions d’actualité et chantiers en cours. Il s’agit notamment du projet de marché secondaire des créances en souffrance, de l’état des lieux du programme Intelaka, du passage au taux de change flottant.

Créances en souffrance: le marché secondaire serait pour fin 2024

Le projet du marché secondaire des créances en souffrance serait prêt d’ici la fin de l’année en cours. C’est ce qu’a indiqué Abdellatif Jouahri, faisant savoir qu’une réunion récente s’est tenue avec la participation de toutes les parties prenantes dans ce projet, dont la direction générale des impôts, pour faire converger les positions des uns et des autres. Le patron de la Banque centrale explique que la valeur est contractuelle entre la banque qui cède et celui qui achète et évoque le problème du provisionnement qui doit être fait ou non.

Crédit Intelaka: un taux de rejet de 40%

Le programme Intelaka est à plus de 8 milliards de dirhams de crédits décaissés, profitant à plusieurs milliers de bénéficiaires, relève Abdellatif Jouahri. Toutefois, le taux de rejet reste à 40%, nuance-t-il, notant que les mesures d’accompagnement ont été renforcées, avec une multiplication par deux du budget d’accompagnement à 200 millions de dirhams.

Le wali de Bank Al-Maghrib a révélé qu’un projet de rapport sur Intelaka a été préparé par la Cour des comptes pour s’assurer de la façon dont les biens publics sont utilisés. Ce document est en train d’être revu, avec par Bank Al-Maghrib. «Nous sommes en train de le voir. Il y a des choses qui ont été mal comprises ou mal interprétées», relève-t-il.

Taux de change flottant: «ce n’est pas encore le moment»

Le patron de la Banque centrale persiste et signe. Le passage au taux de change flottant ne se fera qu’une fois toutes les conditions réunies. Il faudrait, explique-t-il, que les équilibres se confirment, à savoir la soutenabilité budgétaire à moyen terme, le niveau des réserves de change adéquat, et un système bancaire résilient. Il s’agit aussi de la préparation des opérateurs à cette nouvelle étape, notamment les TPME, les microentreprises, les entrepreneurs individuels. Il note que ce passage se fera après une deuxième étape intermédiaire avant de passer à un éventuel flottement généralisé. Cette deuxième étape consiste à se dégager du panier qui constituait l’ancrage, tout en continuant à surveiller le mouvement sur le marché interbancaire de devises. Cela signifie, explique-t-il, que s’il y a des mouvements anormaux dans un sens ou dans l’autre, BAM interviendra pour indiquer l’orientation à donner.

Le wali de Bank Al- Maghrib a expliqué que le passage à un ciblage d’inflation signifie que BAM peut changer son taux directeur à plusieurs reprises, ce qui peut avoir des conséquences très négatives.

Abdellatif Jouahri a rappelé, par ailleurs, que le FMI, dans le cadre des consultations au titre de l’article IV, cette année, a noté que l’orientation actuelle de la politique monétaire est appropriée et la pause du resserrement monétaire de BAM depuis mars 2023 est justifiée. Toutefois, le Fonds a ajouté que «le retour de l’inflation à des niveaux pré-pandémiques, BAM devrait reprendre sa transition vers un régime de ciblage d’inflation». Abdellatif Jouahri a souligné l’usage du conditionnel dans cette dernière phrase.

Par Lahcen Oudoud
Le 20/03/2024 à 15h02