Concurrence internationale, baisse de rentabilité… les raisons de la légère perte de vitesse de la filière des fruits rouges

Des barquettes de fruits rouges.

Le Maroc est devenu un acteur majeur de la culture et de l’exportation des fruits rouges. Outre les quantités produites et expédiées, le Royaume se distingue par la qualité de ses fruits. Toutefois, la filière accuse dernièrement une légère perte de vitesse en raison de la baisse de la rentabilité des cultures et de l’émergence de nouveaux marchés. Les détails.

Le 16/03/2023 à 08h50

Fraises, framboises, myrtilles… les fruits rouges marocains se sont fait une place privilégiée dans les marchés étrangers. Le développement de la filière a connu un essor important au Maroc durant la dernière décennie, notamment dans le périmètre du Gharb et du Loukkos.

Toutefois, le secteur se heurte à de nouvelles contraintes, comme l’indique Amine Bennani, président de l’Association marocaine des producteurs des fruits rouges (AMPFR), dans une déclaration pour Le360. Celui-ci souligne que si ce fleuron de l’agriculture marocaine a toujours la côte à l’étranger, la rentabilité des cultures est de plus en plus remise en question.

De nombreux défis

Le rythme de croissance de la filière des fruits rouges a légèrement ralenti, notamment en raison de l’émergence de nouveaux marchés concurrentiels, tels que l’Egypte, où le coût de la main-d’œuvre est moindre et plusieurs intrants sont subventionnés, explique Bennani.

De plus, le secteur est confronté à des conditions climatiques défavorables. «La campagne actuelle a été beaucoup plus impactée par la vague de froid ressentie en janvier que par le recul des précipitations puisque le périmètre Gharb-Loukkos, qui assure environ 75% de la production nationale, se caractérise par une offre suffisante en ressources hydriques», fait observer le professionnel.

Outre ces défis, la filière des fruits rouges fait face à la flambée du prix des intrants agricoles et de l’énergie qui affecte lourdement le prix de production. Elle est également confrontée à la récession en Europe et, par conséquent, à une légère baisse de la demande, ajoute le président de l’AMPFR.

Des performances positives malgré tout

Concernant la surface cultivée en fruits rouges, Bennani indique que celle-ci couvre 13.000 hectares pour la campagne en cours, contre 11.000 hectares en 2021-2022 et 9.000 hectares en 2020-2021. Il note cependant que «certes, les surfaces cultivées s’agrandissent, mais les nouveaux défis auxquels la filière est confrontée freinent sa croissance».

Dans le détail, le Loukkos et le Gharb concentrent 75% de la production, contre 25% pour la région de Souss-Massa, particulièrement dans la province d’Agadir. Selon Bennani, les professionnels tentent désormais de développer cette culture dans les régions du Sud.

Quant aux exportations, les derniers chiffres disponibles, fournis par Morocco Foodex, l’établissement autonome de contrôle et de coordination des exportations, et qui remontent au 19 février 2023, font état d’un volume global d’exportations de 52.000 tonnes.

Plus précisément, 34.400 tonnes de framboises (+24% par rapport à la campagne précédente), 10.000 tonnes de fraises (-30%) et 7.000 tonnes de myrtilles (+32%) ont été exportées depuis le début de la campagne actuelle, soit depuis septembre dernier.

Une réputation à l’international préservée

Selon Bennani, les fruits rouges marocains continuent de séduire à l’étranger. La proximité des marchés européens fait que le Royaume est l’un des rares pays en dehors de l’Union européenne qui peut offrir un temps de livraison qui ne dépasse pas généralement les 4-5 jours.

Les producteurs marocains ont également la réputation de respecter les normes de qualité exigées par l’Europe. Un troisième facteur est lié au fait que des opérateurs européens sont intégrés dans la chaîne de production au Maroc. Enfin, la maîtrise des techniques de production, de conditionnement, de transformation et de conservation est aussi un plus, insiste le président de l’AMPFR.

Quant à l’avenir de la filière, notre interlocuteur assure que les acteurs marocains du secteur des fruits rouges sont conscients des défis à relever mais restent optimistes.

Par Hajar Kharroubi
Le 16/03/2023 à 08h50