Le commerce intérieur, souvent au cœur des bilans économiques et des stratégies gouvernementales, a fait l’objet de discussions approfondies lors d’une journée d’étude organisée à la Maamora, près de Salé. «Cette rencontre a réuni commerçants, fédérations, associations professionnelles et opérateurs privés autour d’un objectif commun», relate le quotidien L’Economiste dans son édition du mercredi 1er octobre: réfléchir à l’avenir d’un secteur essentiel mais encore insuffisamment structuré.
Les échanges ont été francs. L’État a rappelé les efforts engagés, avec 300 000 commerçants désormais inscrits au régime de contribution professionnelle unifiée, combinant protection sociale et simplification fiscale. Pourtant, certains acteurs du terrain restent hésitants.
Cité par L’Economiste, le ministre de l’Industrie et du Commerce, Ryad Mezzour, a souligné que «le secteur du commerce est au cœur des transformations structurelles de notre pays, mais le manque d’engouement d’une partie des commerçants à payer leurs cotisations de sécurité sociale retarde l’un des chantiers prioritaires du gouvernement». La formalisation reste un défi pour de nombreux petits détaillants fragiles économiquement, malgré les avantages proposés (couverture sociale, accès simplifié aux crédits, fiscalité prévisible et opportunités d’approvisionnement facilitées).
La stratégie nationale repose sur quatre axes majeurs: inclusion financière, intégration numérique, réforme des marchés de gros et amélioration de l’approvisionnement. Les objectifs sont précis: connecter 35 000 points de vente à des circuits modernisés, traiter 5 000 livraisons par jour, moderniser 12 marchés de gros et 12 abattoirs. Le programme Moroccan Retail Tech Builder a déjà accompagné 161 start-ups et vise 300 nouvelles entreprises d’ici 2027, tandis que plus de 35 000 détaillants bénéficient d’offres d’approvisionnement via les grandes surfaces, marquant un tournant pour des commerces longtemps dépendants de circuits informels.
La journée a également été l’occasion de signer deux conventions visant à accélérer la digitalisation du commerce de proximité, relate L’Economiste. Z.systems connectera jusqu’à 50 000 hanouts à une plateforme offrant un accès direct aux grandes marques, des programmes de fidélité et un portefeuille électronique sécurisé. Woliz, de son côté, équipera 20 000 points de vente en terminaux connectés et intégrera 90 000 commerçants à son application Woliz Pro, incluant des outils de gestion et de paiement digital. Ces initiatives visent à rompre l’isolement du petit commerce et à l’insérer dans des circuits plus transparents et compétitifs.
La stratégie s’accompagne de dispositifs spécifiques. Dans les zones touchées par le séisme, 2 910 commerces bénéficieront d’un programme de reconstruction et d’équipement, dont 1 610 déjà soutenus. Des formations régionales au paiement mobile ont été dispensées avec les chambres de commerce, et un programme e-commerce vise à élargir l’accès des commerçants aux plateformes digitales.
La mutation des paiements se poursuit. Depuis mai 2025, l’acquisition par les TPE n’est plus l’apanage du CMI. De nouveaux opérateurs agréés par Bank Al-Maghrib stimulent la concurrence, avec des commissions d’interchange plafonnées à 0,65%, réduisant ainsi les frais pour les commerçants. Pour les hanouts, cette évolution s’inscrit dans la continuité de leur expérience avec les recharges téléphoniques, favorisant l’adoption du paiement électronique à condition que les solutions restent simples et accessibles.
La modernisation du commerce intérieur s’inscrit dans un cadre plus large, avec la Coupe du monde 2030 présentée comme catalyseur. Pour le gouvernement, l’événement offre l’opportunité de moderniser les infrastructures, valoriser les produits locaux et améliorer les circuits de distribution. Ryad Mezzour a insisté sur le rôle central des commerçants de proximité, médiateurs sociaux et culturels dans les quartiers et zones rurales, ainsi que sur l’importance d’intégrer les souks ruraux dans les stratégies à venir.
Les contraintes demeurent le secteur reste fragmenté, l’informel pèse lourd, certains commerçants hésitent à s’acquitter de leurs cotisations et la réforme des marchés de gros progresse lentement. Pour y remédier, les Assises du Commerce, prévues début 2026, viseront à établir une feuille de route opérationnelle, fixant des priorités claires, valorisant les acquis et prenant en compte les blocages persistants. Un secteur clé, encore hésitant, mais porteur d’un fort potentiel pour le Maroc du XXIᵉ siècle.








