La hausse vertigineuse des cours des matières premières sur les marchés mondiaux se fait plus que ressentir sur les indicateurs du commerce extérieur du Maroc, et la facture est salée.
Selon les derniers chiffres de l’Office des changes, au titre du mois de février 2022, publiés ce vendredi 1er avril, les importations marocaines se situent à plus de 100 milliards de dirhams après les deux premiers mois de l’année, en hausse de 37,8% par rapport à la même période de l’année dernière.
Dans le même temps, les exportations ont atteint 62,47 milliards de dirhams, enregistrant une hausse de 23%. Le déficit commercial s’est ainsi creusé de 57,2%, et le taux de couverture des importations par les exportations recul à 61,2% (contre 66% il y a un an).
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La hausse des importations est essentiellement tirée par les produits énergétiques et les céréales. En effet, à fin février 2022, la facture énergétique a grimpé de 81% par rapport a même période de l’année dernière, pour se situer à 15,8 milliards de dirhams (contre 8,7 milliards de dirhams il y a un an exactement).
Selon l’Office des changes, cette évolution s’explique principalement par la hausse de 64% des prix des carburants importés (gas-oils et fuel-oils), qui sont passés de 4.141 dirhams en février 2021, à 6.798 dirhams la tonne en février 2022. Les quantités importées sont également en hausse de 16,1%, passant de 915 milles tonnes en février 2021, à 1.062 milles tonnes en février 2022.
Pour ce qui est des importations de blé, elles sont également en très forte progression après les deux premiers mois de l’année 2022. Les données de l’Office des changes montrent que les achats de blé par le Maroc se sont élevés à 4,1 milliards de dirhams à fin février 2022, contre 2,08 milliards de dirhams à fin février 2021, en hausse de 97%. En d’autres termes, les importations de blé ont été presque multipliées par deux en un an.
L’Office des changes explique que cette évolution est due à la fois à un effet prix et à un effet volume. Ainsi, les prix du blé sur les marchés mondiaux ont augmenté de 21,4% sur un an (3.342 dirhams la tonne à fin février 2022 contre 2.754 dirhams la tonne à fin février 2021), tandis que les quantités de blé importées par le Maroc ont augmenté de 62% (1.227 milles tonnes à fin février 2022 contre 757 milles tonnes à fin février 2021). «Les achats de blé par le Maroc atteignent leur plus haut niveau durant les cinq dernières années», fait remarquer l'Office des changes.
Cette hausse des importations de blé est la résultante, d’une part, de l’épisode de sécheresse traversé par le Maroc qui pèse considérablement sur sa récolte céréalière. Selon des projections de la Banque centrale établies fin mars 2022, la récolte céréalière de 2022 devrait se limiter à 25 millions de quintaux (contre plus de 100 millions de quintaux lors de la récolte de l’année dernière). D’autre part, elle est la conséquence de la hausse des cours des céréales accentuée par le conflit russo-ukrainien, qui oppose deux des principaux producteurs mondiaux de blé.
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Il faut rappeler qu’au cours d’une conférence de presse, fin février, le porte-parole du gouvernement Mustapha Baitas expliquait que le Maroc avait anticipé et renforcé ses réserves de céréales, en prenant «l’initiative durant les deux premiers de l’année, d'importer des quantités importantes de blé».
Par ailleurs, le 15 mars dernier, le gouvernement a indiqué que le Maroc dispose d'un stock confortable de blé tendre permettant la couverture de plus de 4,7 mois d’écrasement industriel, grâce notamment au rythme des importations observées suite à la suspension des droits de douane sur le blé tendre et le système de prime forfaitaire.