Les deux principales revendications de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) dans le cadre du dialogue social, à savoir la promulgation d’une loi sur le droit de grève et la réforme du Code du travail, sont en voie de concrétisation. C’est ce qu’a assuré le ministre de l’Emploi, Younes Sekkouri, le vendredi 1er septembre, à l’issue d’une réunion avec les membres du conseil d’administration de la confédération patronale.
«Après un dernier tour d’horizon avec les différents acteurs, nous passerons à l’institution législative pour acter cette loi (sur le droit de grève, NDLR) de façon responsable, solennelle et en tenant compte des positions des uns et des autres, et surtout de l’intérêt du pays», a indiqué le ministre dans une déclaration pour Le360 à la sortie de sa rencontre avec le patronat.
La réforme du Code du travail devra, quant à elle, encore attendre un peu. Les consultations devraient être lancées dans la foulée de l’adoption du texte sur le droit de grève. «Nous avons encore du temps devant nous pour pouvoir discuter du Code du travail et de toutes les autres doléances des syndicats des travailleurs marocains», a-t-il souligné.
Que veulent vraiment les patrons ?
Rencontré en marge d’une conférence de presse organisée à Casablanca, dédiée à la présentation des propositions de la CGEM pour le projet de loi de finances (PLF) 2024, Hicham Zouanat, le président de la commission sociale de la CGEM, est revenu pour Le360 sur les principales demandes des patrons pour encadrer le droit de grève au Maroc.
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«Nous avons besoin de faire évoluer notre législation sociale. Presque tous les pays ont des dispositions légales qui permettent de gérer les crises sociales, de les anticiper et de les prévenir, c’est ce qu’on souhaite aussi au Maroc, pour ne pas perdre des emplois», souligne-t-il.
Selon Hicham Zouanat, l’absence d’une loi sur le droit de grève met les entreprises face au risque permanent de «grèves sauvages, sans préavis, ce qui empêche toute négociation entre les parties». «Nous voulons avoir des fondements juridiques clairs pour protéger les trois protagonistes d’une grève, en l’occurrence les grévistes, les non-grévistes et les employeurs».
À travers cette loi, la Confédération patronale espère également imposer le maintien d’un service minimum dans des secteurs critiques comme les cliniques, les hôpitaux, les aéroports ou les transports.
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«Lorsqu’on n’a pas de législation qui prévoit d’anticiper les événements, pour éviter le déclenchement d’une grève en donnant le maximum de chances aux négociations, c’est toute l’économie qui est pénalisée. C’est ce que nous voulons éviter», précise notre interlocuteur.
Un Code du travail dans l’air du temps
Pour ce qui est de la réforme du Code du travail, la CGEM plaide pour un texte «adapté à l’évolution du monde de l’emploi» et capable de «répondre aux nouveaux défis» que doit relever l’économie marocaine.
«Le monde a changé, il a muté. Nous avons connu des révolutions industrielles, technologiques et numériques, et nous avons besoin d’un code du travail qui accompagne ces différentes évolutions», a noté Hicham Zouanat. Et de donner en exemple l’absence de flexibilité dans l’emploi temporaire: «Nous n’avons pas une flexibilité capable de gérer des contrats d’intérim à 18 mois, comme c’est le cas en Europe. Les contrats d’intérim chez nous sont limités à trois mois renouvelables une seule fois. Cela décourage le recrutement dans plusieurs entreprises», argumente-t-il.