Charges salariales des fonctionnaires: 150 milliards de dirhams dépensés à fin octobre, en hausse de 11,2%

Le360

Le siège du ministère de l’Économie et des Finances à Rabat.

Les charges salariales de la fonction publique sont en nette hausse cette année. À fin octobre 2025, les dépenses de personnel ont atteint 150,37 milliards de dirhams, soit +11,2% sur un an, selon le ministère de l’Économie et des Finances. Une progression liée notamment aux revalorisations salariales engagées dans le cadre du dialogue social, qui s’inscrit dans une tendance décennale haussière de la masse salariale.

Le 21/11/2025 à 08h04

Les charges salariales des fonctionnaires connaissent une nette hausse cette année. Au cours des dix premiers mois de 2025, les dépenses de personnel de l’État ont, en effet, atteint 150,37 milliards de dirhams (MMDH), en hausse de 11,2% par rapport à la même période de 2024, selon le ministère de l’Économie et des Finances. Cette hausse intervient dans un contexte marqué par des révisions salariales successives engagées dans le cadre du dialogue social.

Sur la période 2015-2025, les dépenses de personnel ont progressé de 116,86 MMDH à 180,27 MMDH, soit une hausse globale de 54,27%, équivalente à une progression annuelle moyenne de 4,43%. De 2015 à 2018, la tendance est restée globalement stable (+1,22% par an), sous l’effet combiné des départs à la retraite et d’une politique de maîtrise budgétaire.

En revanche, entre 2018 et 2025, les dépenses se sont fortement accélérées, progressant en moyenne de 5,84% par an, principalement en raison de l’application des augmentations salariales décidées dans le cadre du dialogue social.

Évolution des dépenses de personnel, en millions de dirhams (Source: ministère de l’Économie et des Finances)

En 2024, les dépenses de personnel ont atteint 164,63 MMDH, après 151,76 MMDH en 2023. L’année 2025, en revanche, se distingue par une nette accélération. Si la tendance se poursuit pour le reste de l’année, le niveau final dépassera aisément celui de 2024, confirmant une pression sur les finances publiques.

Sur la dernière décennie, le ratio des dépenses de personnel au PIB s’est établi en moyenne à 10,67%. Cette proportion a été relativement stable entre 2015 et 2019 (autour de 10,5%), avant de connaître une hausse significative entre 2020 et 2022 (11,22% en moyenne), en grande partie due à la contraction du PIB durant la pandémie.

Après un reflux entre 2023 et 2024, ce ratio repart à la hausse en 2025, atteignant 10,58%, frôlant à nouveau la barre des 11%. Un niveau au-dessus de l’objectif fixé par les engagements du Maroc avec le FMI, qui recommandent de maintenir ce ratio sous les 10,5%.

Évolution des dépenses de personnel par rapport au PIB (Source: ministère de l’Économie et des Finances)

Par rapport au Budget général, les dépenses de personnel représentent en moyenne 34,52% pour la période 2015-2025. À fin octobre 2025, ce ratio grimpe à 37%. Par ailleurs, ces dépenses absorbent en moyenne 59,39% du budget de fonctionnement et 50,61% des recettes ordinaires. À fin octobre 2025, 44,2% des recettes ont été consacrées au personnel, un niveau jugé élevé au détriment des dépenses d’investissement.

Forte concentration dans les tranches moyennes

La répartition des fonctionnaires civils de l’État selon les niveaux de rémunération révèle une forte concentration dans les tranches intermédiaires. En effet, 38,44% perçoivent un salaire mensuel net inférieur ou égal à 8.000 dirhams, 71,34% touchent entre 6.000 et 14.000 dirhams et seulement 4,80% dépassent 20.000 dirhams nets par mois.

Le salaire minimum dans la fonction publique a également connu plusieurs revalorisations: de 3.000 dirhams en 2015, il est passé à 3.258 dirhams en 2020, puis 3.500 dirhams en 2023, 4.000 dirhams en 2024 et enfin 4.500 dirhams en 2025, en application des accords du dialogue social.

La fonction publique marocaine compte 576.062 fonctionnaires civils en 2025, soit l’équivalent de 16 fonctionnaires pour 1.000 habitants et 46 fonctionnaires pour 1.000 actifs. Sur la décennie, les taux moyens de couverture s’établissent respectivement à 1,61% et 4,74%.

Les effectifs budgétaires sont passés de 585.503 fonctionnaires en 2015 à 576.062 en 2025, soit une baisse globale de 1,61%. Cette tendance est principalement liée au recrutement massif des enseignants à partir de 2016 au niveau des Académies régionales d’éducation et de formation (AREFs) qui ne sont plus comptabilisés dans le personnel civil de l’État au sens strict, ainsi qu’aux vagues de départs à la retraite, notamment dans le secteur de l’éducation nationale.

Malgré cette baisse, les créations de postes restent importantes: 28.906 postes ont été ouverts en 2025. Au total, 275.743 postes budgétaires ont été créés entre 2015 et 2025, auxquels s’ajoutent 175.000 postes ouverts dans les AREF depuis 2016.

Par Lahcen Oudoud
Le 21/11/2025 à 08h04